Elle prendra une écharpe en gaze unie, une ceinture
et des bracelets en rubans chinés; sur sa tête elle
jettera coquettement un chapeau de paille de riz
orné d'un simple bouquet de plumes, et, chaussée de
bottines en gros de Naples couleur claire, elle des-
cendra se blottir dans un brillant équipage pour par-
courir la ville et faire quelques visites à diverses
coquettes en renom, dont le jour de réception est
marqué sur son petit agenda d'ivoire.
Dans ces visites on parle de toutes choses, on
demande quelle grâce nouvelle la mode va donner
aux fleurs et aux rubans, on écoute la lecture de
quelque pamphlet du jour ou d'un. poème aux vapo-
reuses fictions; on parle peinture, musique on dis-
cute les doctrines, on médit de son siècle et on fait passer sur ses lèvres de rose tous les discours d'ún
machiavélisme à la mode; cela posément, correcte-
ment, en ménageant ses gestes, en faisant valoir le
chiffonné de sa jupe, la petitesse de son pied, la fine
cambrure de sa taille, l'élégance de sa main gantée
on parle surtout chiffons et théâtres.
« Marquise, avez-vous lu le Bon Ton de ce
matin? Non, chère Baronne, et cependant j'y suis
abonnée, ainsi qu'à la Gazelle des salons et au Jour-
nal des Dames et des Modes. On y donne une
mode nouvelle dont je n'ai encore vu qu'un modèle
au thé de mylord S. qui a pu donner cette des-
cription au journaliste?. Figurez-vous, chère belle,