question comme le pouvoir d'un premier ministre,
elle doit équilibrer sa vie avec prudence et politique.
Pénétrons, si vous le voulez bien, chez une
femme à la mode dès l'heure tardive de son lever.
De légers nuages, d'une vapeur parfumée, s'élè-
vent d'une corbeille de fleurs soutenue par un tré-
pied doré, et le flambeau d'un petit amour, tout
façonné d'émaux et de pierreries, répand dans la chambre, de la jeune endormie l'incertaine clarté
d'une veilleuse. Cette douce lueur, tantôt reflétée
dans les glaces, tantôt se balançant sur des drape-
ries azurées, pénètre le mystère d'une mousseline
transparente et,éclaire un piquant désordre, vestige de plaisirs, d'élégance, de coquetterie, de sentiment
peut-être, de tout ce qui révèle enfin le joli nid d'une
femme heureuse. Des kachemires suspendus aux pa-
tères, vingt nuances de gazes et de rubans qui atten-
dent un choix; des livres et des plumes, des fleurs et
des pierreries des extraits d'ouvrages et de manu-
scrits commencés; une broderie sur laquelle une ai-
guille s'est arrêtéé un apbum rempli de croquis et
de ressemblances inachevés puis les meublés somp-
tueux, les ornements gothiques, les peintures aux
fraîches et douces images, et la pendule embléma-
tique qui sonne onze heures du matin et vient por-
ter le réveil dans cette alcôve où repose tout ce que
la jeunesse et la grâce peuvent réunir de séduisant
sous les traits d'une femme à la mode.