robes, et même s'utilisèrent dans la décoration
mobilière. Ces schalls d'Orient apportaient la cou-
leur et un chatoyant effet de draperie dans les spec-
tacles lorsqu'ils tombaient avec négligence sur le
devant d'une loge; les élégantes gracieuses en ti-
raient tous les partis possibles, soit dans la danse
antique, soit à la promenade ou au sortir du théâtre;
elles le drapaient sur la tête, le roulaient sur les seins, en comprimant d'un'délicieux mouvement de
mains leur gorge frileuse.
Le schall de kachemire jouait un rôle considé-
rable dans la haute et riche société parisienne.
« C'est sur le point de la parure et des modes
que les Françaises sont sujettes à faillir et perdent
tout ce que leur caractère a d'intéressant, tout ce
que leur conduite a de respectable, écrivait Lady
Morgan dans son livre sur la France. C'est là que
finit l'économie et que commence une extravagance
qui ne connaît point de bornes. Le mérite du divin
kachemire et du joli mouchoir de poche brodé suc-
cède en un instant aux discussions financières et
aux arguments politiques « Et combien de
« kachemires avez-vous, ma chère? est une ques-
tion que les belles pupilles de ces grands vizirs de
femmes d'État, MM. de Chateaubriand et Fiévée,
font avec le plus d'importance et traitent avec plus
de gravité que s'il s'agissait des nouveaux traités
politiques de leurs maîtres.