de Tresmes, Rosteau, que Scarron se lia ëtroitement. Rosteau était un homme d'esprit, qui écrivait plutôt dans la manière de Voiture que dans celle de Balzac 1 railleur agréable, célèbre au Mans par sa générosité et par ses galanteries, il fut en correspondance avec Costar, qu'il fournissait de poudres, pommades, gants, bourses et sachets, et il étonnait le mondain et naïf chanoine par ses prodigalités et par ses exploits amoureux~. Il fut un ami précieux pour Scarron, qui l'aima beaucoup et en fit son confident le plus intime. La cinquième épître chagrine (1652) lui est adressée et débute par ce magnifique éloge
Rosteau, que j'estime et que j'aime, Pour le moins autant que moi-même; Ami loyal et généreux,
Galant, libéral, amoureux,
Faisant toujours quelque maîtresse, Qui n'étant point ourse ou tigresse Aime mieux guérir des blessés
Que de faire des trépassés,
Le mal de ton éloignement · ·
M'a rendu chagrin diablement.
Avec lui et avec quelques autres jeunes gens du Mans 3, il menait une vie joyeuse, il faisait des escapades de nuit, il galantisait les dames, courait après les Angélique et les l'Étoile des troupes de passage, ou bien se moquait des petits avocats rageurs comme Ragotin, et des flegmatiques hobereaux comme La Baguenodière. Le jeune chanoine dépensait en une existence folle une santé qu'il croyait devoir être inusable.
On connaît le fameux récit de La Beaumelle, et il semble admis qu'on n'en doit tenir aucun compte qui sait pourtant si le roman n'est pas infiniment plus près de la vérité qu'on ne l'a supposé ? « Au Mans, comme dans la plupart des villes de province, le car« naval finit par des mascarades publiques qui ressemblent assez « à nos foires de Bezons. L'abbé Scarron voulut en être. Mais sous « adresser pour cela voyez ma sœur qui est là-haut elle le fera bien mieux « que moi. » C'est assez dire que, sa soeur étant aimée de M. de Tresmes, elle pourrait mieux que lui faire réussir l'affaire dont il s'agissait. (.Se~t'ats;nt)ft. dans les (EttM<'cs de Segrais, 1755. tome If, page 105.)
[1 nous a laissé Sentiments sur 'yt«;~ttes Hw'M qu'il a <M.s, mss. à la Bibl. Nat.
2 Voir Lettres de Co<f<cn' (I, 775-786).
Par exemple avec Armentières dont Tallemant a parlé dans I'~fM<orM«e de Mme de Sablé. Armentières avait été l'amant de la marquise, puis il courtisa M'~ de Lavardin après l'avoir compromise durant quatre ans, il fut provoqué en duel par le vicomte de Lavardin, et tué à terre, paraît-il.