Le vrai nom de cet orfèvre, anglicisé dans ce document, est Pierre Harache; nous parlerons de lui plus loin.
Les orfèvres français qui se réfugièrent en Angleterre après la révocation de l'édit de Nantes rencontrèrent une grande hostilité de la part de leurs confrères londoniens. On en a la preuve évidente dans deux pétitions présentées à la corporation des orfèvres de Londres. La première, datée du 1' octobre 1703, est signée par six des
plus importants orfèvres de Londres qui demandent que le travail des artisans étrangers ne soit pas: vérifie ni poinçonné avec les poinçons de Londres'. Dans la seconde, datée du 11 décembre 1711~, d'amères réclamations sont faites au sujet de l'état languissant du commerce dû à l'intrusion des étrangers; une des principales accusations portées est que les Français travaillaient meilleur marché que les Anglais. Il a été mentionné plus haut que l'ancienne corporation des orfèvres de Londres, à qui incombait le poinçonnage de l'or et de l'argent, reçut favorablement Pierre Ha-
SKAUAKAl'hAtCHittKTI-'U~'i'AtXMAVI~, PAR PtHRREHARACHELK JEUNE
(1700-1701)
(Collection du comte Spencer.)
rache, et, quoique la réponse aux deux pétitions ne soit pas connue, nous devons conclure de la vogue des réfugiés que ces pétitions n'eurent pas de succès. Il est très difficile de connaître le nombre exact d'orfèvres français qui trouvèrent asile en Angleterre; l'historien Macaulay dit qu'on calcula que, dans un espace de quelques mois, cinquante mille familles quittèrent la France parmi elles se trouvaient des noms éminents dans la science, la littérature et l'art. Samuel Smiles, l'auteur d'un livre intéressant, 5~<?~, dit qu'il y eut à peine une branche de commerce en Angleterre qui ne 1. ~emofta~s of the GoMsmt</t's Company, 1896, vol. tt, p. 181.
2. J&M., vol. II, p. 186.