fils naturel sans fortune, il,avait besoin de son art pour vivre. Il fallait qu'il y eût déjà montré son excellence, avant son arrivée à Milan vers la fin de l'hiver 1483, pour que la Confrérie de la Conception lui commandât immédiatement une œuvre importante. Je conclus que la Vierge <z«;K rochers du Louvre, loin d'être le tableau achevé vers 1492, a été peinte par Léonard à Florence avant 1483, qu'elle y est restée dans des conditions que nous ignorons, et qu'elle y a trouvé des imitateurs.
On sait que les deux exemplaires de la Vierge 6tM.x 7'oc/~o'y offrent cette différence essentielle que, dans celle du Louvre, l'ange désigne de sa main étendue le petit saint Jean, tandis que, dans la réplique de Londres, ce détail est entièrement supprimé; l'ange paraît tenir l'Enfant Jésus, qui n'a pas besoin qu'on le tienne, et perd ainsi beaucoup de son intérêt. Comment attribuer une variation si importante à un copiste? Les hypothèses mises en avant jusqu'à ce jour nous présentent un Ambrogio da Predis bien difficile à saisir c'est, à la fois, le peintre médiocre des volets, le copiste ému, délicat et onctueux du tableau central, et le maladroit apprenti qui supprime une main parce qu'il la trouve trop difficile à copier. Un seul homme, le maître lui-même, pouvait se permettre de varier ainsi sa composition. Pourquoi? J'ai cru pouvoir le dire à l'Académie en 1907'. Saint Jean-Baptiste est le saint tutélaire de Florence. Peignant, à Florence, la Vierge avec les deux enfants et un ange. Léonard était sûr d'être compris de tous s'il dirigeait le geste de l'ange vers le petit saint Jean en adoration devant Jésus. Cela constituait une allusion délicate à la piété florentine et comme une exhortation à la ferveur du culte local. A Milan, pour un public milanais, ce geste perdait sa signification et devenait une énigme: j'expliquais ainsi que Léonard ne l'eût pas maintenu dans son édition mUanaise de la Vierge <!M~ ?'oc~e~.
Dès que le résumé de ma communication fut parvenu en Italie, M. Frizzoni se déclara convaincu et me donna sans réserve son adhésion~ Il est vrai que mon hypothèse m'a fait traiter de «/«M<<K1. Comptes ?'cHt<us de l'Académie des h:sc;'tp<!0)M, t907, p. 16.
3. Si donc je n'admets pas que ce geste soit « insignifiant. M, je ne conteste pas pour cela qu'il soit fort beau et conforme à l'esthétique de Léonard. Il se retrouve dans le carton de l'Académie de Londres, dans la Cette, dans le Saint Jean de Windsor, dans celui du Louvre (cf. Reper<o)'tMm, 1911~ p. 79). Léonard affectionnait ce geste; mais il n'en résulte pas qu'il l'ait figuré sans une intention. 3. Gustave Frizzoni(~ ~)\socco, 3 février 1907) « Argomentazioni altrettant-o naturali quanto ingegnose e persuasive. »
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