Les nus, ou, si J'on préfère, les déshabillés de M. Caro-Delvaille, ont un succès trop éclatant pour qu'une critique même rude leur puisse nuire. J'en dirai donc tout net ce que j'en pense, et que c'est de mauvaise peinture. Il ne s'agit point du sujet, qui, de Giorgione rt de Titien jusqu'à Ingres et jusqu'à Manet, en passant par Goya, jadis cher à M. Caro-Delvaille, n'a point cessé d'être poursuivi par les plus grands peintres; mais il faut que la splendeur de la matière la sauve de toute intention basse ou déshonorante
Chair de la femme, argile idéale, ô merveille
Ici celte splendeur est absente; elle est remplacée par les ressources d'un métier, d'une cuisine qui n'ignore pas les épices. M. Caro-Del vaille fait depuis l'an dernier fausse route; qu'il défende sa jeune gloire! M. Roll tout au moins, à quelque degré d'étrangeté que puissent aller ses erreurs, ne se trompe qu'en beau et vaillant peintre, emporté par sa fougue comme le cheval qu'il nous représente, galopant aux champs dans l'ivresse de la liberté. Mais son Petit plein air, ce nu qui a les dimensions d'une miniature, est un vrai bijou. M. Berton et M. Tournès sont fidèles aux modelés délicatement prud'honiens, M. Lerolle rivalise avec Degas, et M. Morissct s'inspire encore de Renoir, mais avec quel papillotage tout de surface Il faut vraiment un beau courage à M. Gervex pour nous donner, en l'an 1907, une réédition sans variantes notables de la Naissance de Vénus de Cabanel
Un seul tableau d'histoire L'Année Terrible, de M. Pierre Lagarde; encore est-ce moins une scène historique qu'une sorte d'évocation lugubre et conduite jusqu'à une hauteur de symbole. Il y a aussi dans la puissante toile de M. Lucien Simon, La Grand'' Messe, une volonté trop écrite peut-être de condenser toute l'âme d'une race. Ces Bretons au front têtu, gravement alignés dans leur vaste nef de pierre, mêlant aux grandes coiffes blanches les vestes et les mantes noires, nous imposent le respect de figures d'un autre âge. Mais les larges et robustes aquarelles qui ont précédé le tableau ont mieux gardé la vie et la flamme intérieures qui s'y dissimulent sous une enveloppe un peu uniforme. Voici encore, du même peintre, un portrait de famille, de noble et délicate composition, mais où l'insistance à exprimer le caractère ne s'illumine pas assez vivement, peut-être, d'un éclair d'émotion tendre. Et voici, à son tour, M. Lucien Simon présenté en redingote et chapeau haut de forme par M. Cottet, qui continue courageusement ses récents essais de