Le second but était de réunir des collections d'œuvres anciennes qui fussent autant d'exemples et de modèles, et qui reliassent ainsi, par une chaîne ininterrompue, le passé au présent. Cela n'était pas si simple qu'il pouvait paraître au premier abord. 11 y fallait, avant tout, une grande largeur de vues, plus de goût que d'érudition, car il était nécessaire de se pénétrer de cette idée qu'on travaillait bien plus pour les artisans que pour les savants, et en même temps un assez grand flair pour échapper aux traquenards des faussaires. Il semble bien que l'Union eut des hommes qui eurent ces rares qualités et qui, de plus, se pénétrèrent bien de cette idée qu'il était inutile de poursuivre parallèlement au Louvre des séries qui y étaient si riches qu'on ne pourrait jamais les égaler, et qui d'ailleurs devaient suffire amplement à la consultation de ceux qui auraient besoin de s'en servir. C'est ainsi qu'on ne trouve au Musée des Arts décoratifs ni un ivoire, ni une pièce de céramique italienne. Cette abstention offrait ce grand avantage de permettre de reporter tout l'effort sur des séries que le musée du Louvre ne. devait chercher jamais, ou ne cherchait pas encore à constituer. C'est ainsi que s'enrichirent les collections d'Orient musulman, des tapisseries gothiques, des tissus et des documents de bois des xvn0 et xvme siècles.
On peut dire que la série de l'Orient musulman et des tapisseries gothiques est l'œuvre personnelle de M. Jules Maciet; c'est lui qui en fut le partisan passionné, le continuel rabatteur, et quand l'objet ne pouvait être acquis par le musée, il le payait de ses deniers, et parfois avec un désintéressement unique, sans même jouir de sa possession, l'apportait tout de suite au musée et l'inscrivait sur les inventaires.
La collection de tissus est très différente de celle du musée de Berlin, bien plus scientifiquement faite. On ne trouvera guère au pavillon de Marsan de tissus sassanides, ni byzantins; mais les étoffes de la Renaissance, des xvn° et xvmc siècles, y sont brillamment représentées.
Enfin, la série des documents de bois des xvuc et xvme siècles y est actuellement incomparable. Les beaux meubles complets y sont rares, mais les fragments de tout premier ordre y sont très nombreux et permettent de suivre le merveilleux génie décoratif des ébénistes de ces deux grandes époques.
Ne nous donnons pas le vain plaisir d'établir une hiérarchie. Notre Musée des Arts décoratifs, qui dénote dans son arrangement