confortable bourgeois, et surtout en quoi consistait, il y a six siècles, le toujours modeste et souvent bien pauvre mobilier des classes ouvrières ». Pour les extraits des comptes, l'auteur a dù faire « un choix arbitraire, sans doute, et très incomplet, sauf pour les arts, » et c'est le point qui intéresse le plus particulièrement les lecteurs de la Gazette. Ces textes, comme le dit M. Prost, sont « curieux, à nombre de points de vue »; ils touchent à « tout ce qu'on a appelé, avec trop de dédain, les petits côtés de l'histoire, aussi intéressants au moins que la pompeuse et souvent bien aride histoire officielle ». Pour avoir une idée sommaire de l'importance et de la variété des indications fournies par ce recueil de documents, il suffit de parcourir le « Répertoire des principales matières », à la fin de chaque tome, en attendant la table générale
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qui terminera l'ouvrage. ̃ ̃ Il y aurait beaucoup à dire sur les services inappréciables que cette publication est appelée à rendre aux curieux et aux érudits, aux historiens des mœurs et à ceux de l'art et des artistes; deux citations suffiront à montrer l'intérêt qu'elle présente un don d'un franc, fait aux ouvriers de l'église d'Amiens, en 1375, nous fixe sur la date des travaux exécutés à cette église sur l'ordre du cardinal de La Grange (p. 464); un extrait de compte, de 1376, prouve qu'à cette époque André Beauneveu, ou ses compagnons, travaillait encore au sarcophage de 'Charles V (p.ib-i).̃ Je signalerai particulièrement les notes très nombreuses, parfois très détaillées et toujours très savantes qui servent de commentaire aux textes; qu'on prenne la peine de les lire, et l'on sera certainement émerveillé des découvertes qu'on y fera. M. Prost, par une préparation dé plus de vingt années, n'a pas seulement extrait la quintessence d'un nombre considérable de documents curieux par la formation d'une bibliothèque, peut-être unique en son genre, particulièrement riche en plaquettes et en extraits, en opuscules plus rares et plus difficiles à réunir que de gros ouvrages, il a réuni les éléments des bibliographies si complètes d'artistes et d'œuvres d'art qui se trouvent dans ces notes. Rien ne lui est inconnu de ce qui a été écrit sur le moindre des artistes cités dans les inventaires ou dans les comptes dont il nous donne un choix judicieux; il a, en outre, consulté un grand nombre de pièces d'archives non comprises dans sa publication, ce qui lui a permis de compléter très utilement ce que l'on sait de ces artistes et de ces œuvres d'art, et, à un autre point de vue, les glossaires déjà si précieux de Delabordc, de Victor Gay et de quelques autres. L'illustration se compose de planches en phototypie représentant les belles statues du portail de la Chartreuse de Dijon, deux portraits de Philippe le Hardi, un de Philippe le Bon; une intéressante miniature d'un livre d'heures de Marguerite de Flandre, duchesse de Bourgogne, appartenant au British Muséum; un curieux dessin représentant la porte du château de Chaussin (Jura) en 4 373, des quittances d'artistes et d'artisans, etc.
ALPHONSE ItOSEROT