L'origine byzantine de cet admirable tissu est attestée par le style de la composition et des figures, la forme des costumes et des plis, les belles architectures des fonds et l'iconographie de la cérémonie de la communion. Celle-ci n'est pas représentée sous la forme de la Cène familière à l'Occident, mais sous celle qui caractérise l'art byzantin le Christ debout, distribuant aux Apôtres le pain et le vin. L'œuvre peut être attribuée au xnc siècle et représente, comme !e pallium de Grottaferrata, l'art byzantin au crépuscule de son second âge d'or. Les ivoires de l'exposition sont peu nombreux et peu précieux. La plupart proviennent du Musée chrétien du Vatican et du Musée civique de Bologne. On a cherché en vain à dissimuler cette regrettable lacune avec quelques moulages de la Lipsanoteca de Brescia, du panneau d'ivoire de la cathédrale de Trèves et de quelques-unes des plus belles boites eucharistiques et des diptyques sacrés les plus connus. Néanmoins les nombreuses tablettes d'ivoire, les couvertures de manuscrits, les custodes eucharistiques, et les triptyques du Musée chrétien du Vatican y font très bonne figure.
A noter, dans ce dernier groupe, un triptyque divisé en deux registres avec la représentation, en haut, de la Deesis parmi deux groupes de saints, et en bas les principaux Apôtres et d'autres saints.
D'après l'avis autorisé de G.-B. de Rossi, de Linas' et Molinier- ont regardé cet ivoire comme une tardive imitation du xve siècle, tandis que Wéstwood:l et Kanzler l'attribuent à l'art byzantin du xe siècle.
Son analogie étroite avec le célèbre triptyque Harbaville du Musée du Louvre et que manifestent les formes, les sujets représentés, aussi bien que de nombreuses particularités de style et d'iconographie, induit à y voir un produit du 1I même centre artistique mais ne garantit pas la contemporanéité des deux œuvres. L'infériorité indéniable du triptyque du Vatican par rapport au triptyque Harbavïllè interdit d'ailleurs de le considérer comme une manifestation de la renaissance -byzantine du x" siècle à laquelle appartiennent les plus insignes exemplaires de la sculpture d'ivoire de l'Orient et conduit ày voir plutôt un témoignage de la décadence artistique du xtie siècle, époque où l'activité des écoles d'Orient consistait surtout à reproduire d'une fa;on servileles modèles anciens. Ce qui arrête ici surtout l'attention des visiteurs, ce sont les menus objets profanes ou sacrés en or, en argent, en bronze, en terre, exécutés par les Byzantins ou sous leur influence.
A noter particulièrement les couvertures d'argent, ornées de frises délicales, de trois manuscrits du xnc siècle venant du trésor de l'antique abbaye de Nonantola; la belle châsse-reliquaire de la même abbaye, œuvre du xi° siècle; le ciboire des Pères Méchitaristes de Venise; un groupe de calices, parmi lesquels celui que donna à l'abbaye de Grottaferrata le célèbre cardinal Bessarion; la précieuse collection de burettes, de lampes, d'encensoirs de bronze, de tasses, provenant du Musée chrétien du Vatican; la grande croix de Frassinano, en ̃ ̃ 1. De Linas, Anciens ivoires sculptés (Revue de l'Art chrétien, 1880, p. 164). 2. E. Molinier, Catalogue des ivoires ait Musée du Louvre. Paris, 1896, p. 37. 3. Westwood, A descriptive Catalogue of the fichtile ivories in the South Kensingtou Muséum. London, 1876, p. 354..
4. Kanzler, Gli/tvori dei musei profana e s:icro della Biblioteca Vaticana, Roma O/'ficino Danesi 1902.