passer pour une sorte d'abrégé de celui du Kensington. Au registre supérieur figure de même le Christ entre les anges portant les instruments de la Passion, tandis qu'en bas la Vierge est debout entre deux anges porte-flambeaux, et, ici encore, l'imagier a pris soin d'établir chacun de ses personnages sous une arcature; mais si la régularité de la composition parait d'abord un peu froide, le style des figures demeure véritablement grand, dérivant évidemment des Jugements derniers des tympans de nos cathédrales, et à peine adouci par les grâces plus délicates de la fin du xiuc siècle. Quant aux volets, au lieu d'être sculptés, ils sont peints, et nous font ainsi toucher du doigt les rapports des ivoiriers avec les enlumineurs ce sont, en effet, de véritables miniatures que les scènes de la vie de la Vierge, peintes sur ivoire au lieu de l'être sur parchemin, mais de même style et sans doute par les mêmes ouvriers. Nous reviendrons sur ces peintures à propos d'un groupe important de polyptyques où figurent les mêmes scènes sculptées sur les feuillets; mais dès maintenant elles prouvent jusqu'à l'évidence, bien que cette pièce de Lyon semble demeurer comme un témoin unique, l'intimité de -la collaboration des ivoiriers avec les autres métiers et l'origine de leur art.
Nous formerons un troisième groupe avec le diptyque du SouthKensington(n°211-65), celui-là même qui faisait partie jadis du Trésor de la cathédrale de Soissons et que nous avons choisi, à cause de son origine certaine, pour dénommer d'après lui tout J'atelier'; le diptyque du musée de Berlin (n° 78-79); un diptyque ayant appartenu à la collection Spitzer (n° 96 du catalogue), et enfin un volet de la même collection (n° 43) i. Les scènes de la Passion figurent sur les deux pièces du South-Kensington et de Berlin, dans le même ordre que dans le premier groupe, mais se lisent de bas en haut; toutefois, les Apparitions à la Madeleine, aux trois Saintes Femmes et à saint Thomas y ont été jointes, ainsi que l'Ascension et la Pentecôte. Et sans doute, le style est encore fort bon, dans le diptyque de Berlin notamment; les attitudes des personnages continuent d'être sobres et justes, les draperies demeurent dans la belle tradition du xiuc siècle, nulle exagération n'apparaît, nulle trace de maniérisme non plus; certaines scènes même sont excellentes, telles le Pilate héliogravure dans Giraud, Recueil descriptif et raisonné des principaux objets d'art ayant figuré ci l'Exposition rétrospective de Lyon en 1877. Lyon, 1878, in-8°. 1. Reprod. dans W. Maskell, op. cit., p. 42.
2. Reprod. dans Molinier, Les Ivoires, p. 184, d'après le catalogue Spitzer.