preuves certaines que nous ne sommes pas en présence de l'oeuvre originale du maître. Le diptyque du Vatican' suit d'ailleurs un modèle très différent; les architectures sont semblables et les scènes de la Passion (Crucifixion, Déposition et Mise au tombeau); mais un Christ de Majesté et un Couronnement de la Vierge ont été ajoutés, avec quelques scènes de l'Enfance du Christ l'Annonciation, la Nativité, les Mages, le Massacre des Innocents et la Fuite en Egypte, ces trois derniers épisodes étant d'ailleurs intervertis. Le style de ces compositions, dont on trouverait de même les analogues dans les manuscrits, est pareil à celui des autres pièces, aussi noble, aussi harmonieux, d'une aussi parfaite mesure, et s'il y faut évidemment voir encore une œuvre d'atelier, que devaient être les morceaux aujourd'hui perdus, sortis de la main du maître
Un triptyque du South-Kensington (n° 175-66) peut se rapprocher de ces admirables pièces, et, morceau capital du second groupe, il n'est pas indigne d'elles. Ce sont les mêmes architectures, à la fois somptueuses et sobres toutefois, les scènes qu'elles abritent sont un peu différentes, et surtout l'agencement en est autre. Le registre inférieur figure, au centre, la Vierge assise, tenant l'Enfant, encensée par deux anges debout à ses côtés, tandis qu'un évêque mitré et crossé, le donateur sans doute, est agenouillé à ses pieds; dans le volet de droite, la Présentation à gauche, l'Adoration des Mages. Plus haut, c'est le Christ en croix, avec les deux larrons et les assistants habituels de la scène, flanqués, comme toujours dans l'atelier, de l'Église et de la Synagogue. Enfin, le troisième registre est celui du Jugement dernier et le Christ de Majesté, la Vierge et Jean à genoux, les anges portant les instruments de la Passion et sonnant de la trompe, les élus et les damnés forment à la composition un couronnement grandiose. Ces scènes figurent toutes et fort analogues au diptyque du Vatican, la Présentation exceptée, et certes, elles sont plus complètes ici; pourtant, le soin qu a pris le tailleur de placer chaque personnage sous une arcature particulière ôte à la composition quelque chose de sa concision elle s'éparpille, et le style même des figures est un peu moins large et plus froid hors le donateur, dont le type rappelle la belle statue de Saint-Leu-d'Essercnt3, et 1. Il est reproduit dans l'article de M. A. Rossi sur les Ivoircs du Vatican (Gazette des Beaux- Arts, 1905, 1. 1, planche en face de la page 396). 2. Reprod. dans W. Maskell, op. cit., p. 69.
3. Reprod. dans Vitry et Brière, Documents de sculpture française du Moyen âge. Paris, 1904, in-fol., planche LII, fig. 4.