XXXIV. 3' PÉRIODE. 46
QUELQUES ATELIERS D'IVOIRIERS FRANÇAIS
AUX XIIP ET XIVe SIÈCLES (PREMIER ARTICLE)
L'ATELIER DU DIPTYQUE DU TRÉSOR DE SOISSONS
ES ivoires gothiques nous sont parvenus en grand nombre, du xme, du xive et du xve siècle, et des statuettes, des diptyques, des autels portatifs se
rencontrent dans la plupart des musées, des trésors d'églises ou des collections privées pourtant, jusqu'à ces dernières années, aucune étude sérieuse n'en avait été tentée et nos renseignements se bornaient à quelques vagues données traditionnelles. Il était difficile, en vérité, quand l'histoire de la sculpture et de la peinture n'était pas faite, d'étudier un art qui dépend si intimement de celui des imagiers et des enlumineurs. Mais aujourd'hui que, grâce aux travaux de Courajod, la sculpture française nous est mieux connue, que l'histoire de la peinture, elle aussi, commence à se débrouiller, les notions sur les ivoires ont pu être précisées. Déjà M. E. Molinier, dans son Catalogue des ivoires du Louvre1 et dans un important chapitre de son Histoire géné-
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raie des arts appliqués à l'industrie2 a présenté bien des idées ingénieuses qu'il a appuyées de renseignements exacts et d'observations très fines; MM. Vœge, Schnutgen et Semper se sont appliqués, après lui, à un travail
1. Paris, 1896, in-8°.
2. T. I. Les Ivoiriers. Paris, s. d., in-fol. Tout récemment, M. Alfred Maskell a publié un
grand ouvrage général sur les ivoires Ivories, London, d9Ob, in-8.