-les actrices ou cantatrices Eleonora Duse, Alice Barbi, Marcella Sembrich, Lilian Sanderson; les comédiens Coquelin, Possarl; l'explorateur Nansen; une princesse hindoue; quantité de grandes dames ou de femmes renommées pour leur beauté enfin, nous l'avons dit, jusqu'au pape Léon XIII, ont posé devant lui; et, sans compter sa femme, ses fillettes et lui-même dans diverses attitudes, bien d'autres modèles encore, moins illustres, qui eurent le don de le séduire par le caractère particulier de leur physionomie. Il s'appliquait, en effet, à mettre en relief, avant tout, la personnalité de l'individu, à en donner une vision saisissante, recourant dans ce but à une composition savamment cherchée pour laquelle il s'aidait, après une première esquisse d'après nature, de nombreuses photographies destinées à lui fournir des combinaisons de poses expressives. Abandonnant tout accessoire, dédaignant, sauf dans ses portraits de femmes, traités surtout de façon décorative, tout détail d'habillement (ce n'est pas lui qui nous renseignera, comme Menzel l'eût fait, sur l'uniforme d'un Moltke ou d'un Bismarck, et même lorsque parfois il introduit dans son tableau quelque particularité de ce genre, c'est sans aucun souci de vérité, dans l'unique but d'une curieuse ou riche harmonie par exemple quand il adjoint à tel uniforme de Bismarck un casque doré au lieu du casque d'acier réglementaire, ou quand il peint le vieux Moltke paré de la cravate violette de l'ordre « Pour le Mérite » et sa tête toute chauve privée de perruque, ou lorsque, à l'instar de Rembrandt, il nous montre le peintre Rudolf von Seitz en magnifique costume oriental), souvent même négligeant les mains, les cachant ou les indiquant à peine, laissant dans l'ombre, en un mot, tout ce qui pourrait distraire de l'expression physionomique, il fait refluer tout l'intérêt sur le visage, accentuant à dessein certains traits plus caractéristiques chez l'un le pli de la bouche, chez cet autre la profondeur de l'orbite, surtout faisant transparaître dans les yeux l'àme de son modèle. Là, dans ce muet langage des yeux, est l'originalité propre de Lenbach c'est ce qui constitue sa force et sa grandeur, ce qui confère à ses portraits leur vie étonnante. Et quand la flamme d'une intelligence supérieure illumine le regard, quand l'homme est de la race des « héros » chers à Gobineau et à Nietzsche artiste, savant, poète, penseur, manieur d'hommes, l'évocation qu'en trace le peintre atteint aisément au chef-d'œuvre. On excuse l'opacité des ombres, la trop grande habileté du métier, mélange savant de procédés pris tour à tour, suivant le caractère des personnages, à Rembrandt, à