longue, évasée, et apparemment empesée, tombe sur les pieds, laissant voir l'extrémité des chaussures, qui sont de dimension ordinaire et à bout carré. De larges bandes d'étoile sont appliquées sur la robe à intervalles irréguliers, et des dessins, qui étaient tissés ou peints, figurent, au côté droit, des carreaux, au côté gauche quatre oiseaux semblables à des merles. On remarque quatre boutons à la. manche, près du poignet. De la coiffure il ne reste qu'un fragment, qui faisait partie d'une sorte de capuchon, soit l'aumusse en drap épais, soit plutôt la huve.
Les siècles et les hommes ont malheureusement, ici comme en tant d'autres lieux, accompli leur œuvre de destruction. Le nez et les bras du gisant ont été cassés et son épée brisée la levrette et le dais de droite sont fort endommagés le soubassement actuel n'est qu'une masse de ciment rapporté, qui a remplacé en 1871 le sarcophage primitif depuis longtemps disparu. Des tentatives de restauration partielle ont eu lieu ces derniers temps, avec plus ou moins de succès. Des réparations ont été faites à la tête et aux bras de la femme; les têtes des lions et d'une levrette ont été remplacées'; cinq moines priants ont été réinstallés, dont deux seulement sont terminés; une bordure très simple a été sculptée sur la gauche du monument.
Tel qu'il se présente, le tombeau de Fontenay n'en constitue pas moins un document précieux pour l'histoire du costume en France. Au point de vue artistique, il produit une belle impression. Le morceau de pierre de Tonnerre dans lequel il est entièrement taillé est un calcaire tendre, facile à travailler et d'un blanc ordinairement très pur; mais ici la surface extérieure a reçu, avec les années, une patine qui lui donne le ton de l'ivoire ou du marbre jaune2. L'ensemble est imposant, et les détails atteignent une remarquable perfection. Les corps des lions et des levrettes sont traités avec un soin qui révèle l'observation attentive de la nature. Le dais qui protège la tête des gisants appartient, au moins par l'inspiration, à la série originale des dais bourguignons chargés de bonne heure d'édicules en forme de pyramide ou de tour. L'intérieur est taillé comme une voûte ogivale, et la base est surmontée d'une tour polygonale à pans, autour de laquelle circule une galerie à jour percée d'ou1. Les tètes des lions ont été refaites en s'inspirant de celles qui se voient aux tombeaux des ducs de Bourgogne à Dijon.
2. C'est cette pierre de Tonnerre qui, sous le nom assez impropre d'« albâtre », fut employée plus tard dans l'atelier de Claus Sluter.