de l'artiste (p. 145-147) est une des meilleures choses de son livre. Je veux seulement mentionner encore ses admirables pages sur les Bambini des Innocenti, la Madone de Palerme, l'Ange de Brunswick (collection Vieweg), le portrait de Viterbe, les importantes œuvres de jeunesse d'Andrea à la Verna, le charmant bas-relief de Crefeld, et le tympan du Prato (fig. VI), ayant nécessairement passé ici sous silence bien d'autres œuvres également délicieuses et importantes. Les nombreux fils d'Andrea furent tous, qu'ils eussent ou non du talent, élevés par lui pour être ses auxiliaires. Giovanni semble avoir été le plus doué de. tous, et il assuma peu a peu le contrôle de ce qui était devenu, à son époque, une grande entreprise commerciale. Sous sa direction, toute signification du sujet et toute unité de composition sont perdues, et il y a une déca-. dence constante dans la, technique, le vernissage devenant grossier et inégal, la coloration boueuse quoique criarde, les différents morceaux étant négligemment assemblés. Giovanni fut par goût plutôt un peintre qu'un sculpteur, et sous lui l'application de la couleur aux objets vernissés prit un plus grand, et, au point de vue artistique, un fatal développement.
Des fonds de paysage, des personnages en plein relief, avec des chairs de tons réalistes, des draperies imitant positivement de vraies étoffes, remplacèrent les montures décoratives de Luca, sa forme sévèrement traitée, son relief bien compris et sa rigoureuse subordination du détail à l'effet principal. Et ainsi, en moins de cent ans après la mort de Luca, l'école s'écarta de tous les vrais principes de l'art, et bientôt cessa même d'être populaire. Avant la fin du xvi° siècle, la demande des produits de la « fabbrica délia Robbia » avait cessé. La fameuse frise de l'hôpital de Pistoie une frise qui doit presque toute sa beauté à son entourage si heureusement architectural et topographique est une des dernières couvres tolérables des descendants du grand Luca.
Un travail consciencieux, patient, tel que celui de notre auteur, est rare mais ce qui est encore plus rare, c'est de trouver tant de zèle et d'honnêteté alliés à un goût aussi parfaitement formé. En parlant d'un grand artiste, le goût et le sens élevé de la valeur d'une œuvre est la chose essentielle. Pour l'œuvre que nous venons d'examiner cela est encore plus nécessaire, car il n'y a là aucune saine tradition à suivre, et les documents sont naturellement de peu d'utilité quand il s'agit d'ouvrages où deux ou plusieurs artistes de la môme famille eurent l'habitude de collaborer. Môme dans les œuvres pour lesquelles Luca recevait la commande et le paiement, il est clair qu'Andrea l'aida quelquefois, et quand Giovanni surgit, il n'y a absolument qu'un sens précis de la valeur personnelle et que la faculté de distinguer les styles qui puisse aider à démêler la part de chacun. Miss Cruttwell s'est très habilement acquittée de cette tâche, elle mérite la gratitude de tous ceux pour qui le point important dans une œuvre d'art est sa beauté inhérente, et pour lesquels l'intérêt de la critique consiste surtout à définir avec précision les qualités propres à chacun des artistes qu'elle étudie.
BABÏ LOGAN
L'Imprimeur-gôrant J.-F. Schnkrb.
PARIS. IMPRIMERIE DE LA GAZETTE DES BEAUÏ-ARTS », 8, HUE FAVART.