n'offraient au roi une résidence assez vaste et assez plaisante. Charles d'Anjou se décida en 1279 à fonder au bord du golfe de Naples, entre les deux châteaux normands, un édifice qui fut appelé Chatel Neuf. Le terrain fut acquis d'un monastère franciscain le 10 mai; le 16, un premier ordre était donné pour l'envoi des matériaux tirés des carrières de Castellamare et de Sorrente. Tous les maçons et manœuvres disponibles à Naples furent attachés au chantier, et défense fut faite d'en distraire aucun, même pour les édifices religieux que le roi venait de fonder. A la fin de l'année 1283 le gros œuvre était terminé et au mois de novembre le château recevait une garnison, sous les ordres de Philippe de Villacublay La construction du Château-Neuf de Naples est un événement important pour l'histoire du royaume de Sicile. Charles d'Anjou préparait à ses successeurs, en même temps qu'une résidence qu'ils devaient embellir ou reconstruire à maintes reprises, une capitale qu'ils ne devaient plus quitter sans esprit de retour. Mais lui-même n'avait pas donné à Naples un rang privilégié entre les villes du royaume. L'année où il fonda le Château-Neuf est précisément celle où les travaux des résidences royales d'Apulie sont poussés avec le plus de vigueur. Charles d'Anjou ne survécutguère plus d'une année à l'achèvement du château bâti par lui à Naples. En 1284 il ne passa dans cette ville qu'une quinzaine de jours. Il mourut à Foggia le 7 janvier 1285. Son corps fut transporté à Naples et enseveli dans la vieille cathédrale, dite la Stephania. En désignant la ville comme nécropole royale, Charles Ier l'avait consacrée comme capitale future. Mais il ne reposa pas à Naples tout entier. Suivant la coutume française, les restes du souverain furent partagés tandis que ses entrailles étaient envoyées à Saint-Denis près Paris, son cœur fut déposé dans la cathédrale de Foggia, comme l'avait été celui de Frédéric II. Il y fut conservé jusqu'au xixe siècle dans un monument de marbre identique à celui qui rappelait, dans l'église voisine du palais impérial, la mémoire de l'empereur.
II
Frédéric II n'avait pas été seulement un grand bâtisseur. Il connaissait assez les arts mécaniques pour dessiner un modèle2. Sous 1. L'histoire de cette construction a été racontée, avec les détails les plus exacts, par M. G. de Blasis (Le case dei principi angioini sulla piazza di Castel Nuovo; Arch. stor. napol., t. XI et XII).
2. L'Art dans l'Italie méridionale, t. I, p. 717. î.