qui se fait envoyer d'Italie par Dufresne un tableau du Guidé dont nous verrons les aventures; Fouquet,de goût plus cultivé et plus fin, dont l'histoire n'est plus à faire;-Mazarin, enfin, le collectionneur avaricieux, adroit à se faire donner ce qu'il n'ose acheter. Brienne, dans ses Me??!ozy<°~, a sévèrement traité sa collection. Dans ce monde de financiers amateurs de peinture, l'ami de Poussin, M. de Chantelou, fait exception par ses mœurs la chose avait sans doute surpris les contemporains on l'appelait « l'honnête monsieur de Chantelou », et tous faisaient un rapprochement entre la probité de sa fortune et l'art austère de ses chers Poussin. Malencontreuse vertu chez un collectionneur de mœurs moins rangées, les Sept Sac~'e~MCK~ auraient connu la vente, et n'auraient pas échappé aux collections royales.
Après les banquiers, quelques grands seigneurs le duc de Richelieu, qui, ayant reçu en héritage la plus belle collection de Poussin de l'époque, la risque comme enjeu dans une partie de paume avec le roi. Un coup de raquette maladroit, et voici une douzaine de Poussin .splendides qui entrent au Louvre pour n'en plus sortir; le duc de Mazarin, ci-devant duc de la Meilleraie, à qui le cardinal ministre donna une de ses nièces et une -partie de ses statues cadeau bien mêlé. Les mœurs de l'une et la vue des autres lui semblèrent également répréhensibles. La première, il est vrai,. lui donna du souci; malheureusement les scandales de la belle Hortense Mancini n'habituèrent point le mari à transiger avec son austérité native, et de pauvres antiques, trop dévêtus à son gré, furent cruellement'opérés par de pudiques coups de marteau. Il fallut presque un ordre du roi pour protéger des statues sans défense. Brienne tenait deux Carrache et un Dominiquin de ce dangereux homme de bien. Il est des collectionneurs d'un autre genre, qui furent amateurs d'art sans ostentation et hommes de bien sans niaiserie. Ceux-là ne se séparèrent de leurs chefs-d'œuvre que pour exercer de plus hautes vertus. Ce curé de Saint-Barthélémy, l'abbé de la Chambre, pour qui Brienne avait écrit un traité de la curiosité, le même qui morigéna doucement La Fontaine lorsqu'il le reçut à l'Académie française, l'abbé de la Chambre vendit sa riche collection pour soulager plus de misères dans les tristes années de la fin du siècle'. Le 1. Vers la même époque, mourait une autre curieuse, la duchesse de Meckelbourg, ancienne duchesse de Châtiilon. « Ah ne me parlez point de M°~ de Mecke)bourg je la renonce. Comment peut-on, par rapport à Dieu et même à l'humanité, garder tant d'or, tant d'argent, tant de meubles, tant de pierreries au XXXIIt. 3' PÉRIODE. 42