ont joui, et de retrouver le goût des contemporains sous sa forme la moins trompeuse -la forme marchande.
Et tout d'abord, voici énumérées par Brienne, à propos de luimême, les qualités que tout bon curieux doit posséder, et toutes les erreurs qu'il doit éviter* « Je suis né peintre sans que je lesçusse, et je suis devenu connaisseur de la peinture à force d'argent. La curiosité des tableaux n'est bonne que-pour les prodigues. tels que moy et que pour les roys qui peuvent faire de telles dépenses sans s'incommoder. Mais pour les particuliers, c'est certainement une très grande folie, et la dépense passe infiniment leurs forces et leurs moyens. » « Si je m'étois exercé à peindre, j'aurois.sans doute réussi, et peut-être exceHé dans ce noble art. J'ay toutesles parties qui forment les grands peintres, et plus de sçavoir què le commun des peintres n'en ont. Jamais il ne fut d'inclination plus -vive que la mienne j'ay la main ferme et seure, la vue très fine et très forte je sçais du grec et de l'hébreu, du latin, de l'allemand; del'espagnol et de l'italien, sans compter le syriaque et un peu d'arabe: 11 n'y a guère d'histoire que je n'ay lue, et je n'ay jamais rien oubliéde ce que j'ay lu. J'ay une mémoire très fidelle. Avec cela on va, loin. »
« J'ay dépensé beaucoup d'argent en tableaux. Je les aime à la. folie. Je m'y connais très bien. Je puis achetter un tableau sans. prendre conseil de personne, et sans crainte d'être trompé par les Jabach et les Perruchof, par les Forest et les podestats, grandsmaquinons de tableaux, et qui ont bien vendu en les temps des. copies pour des originaux. » « II est facile d'estre trompé aux Bassans et aux Moles, aux Bamboches dont il me reste à parler; aux: Corrèges, et même aux Titiens, si l'on ne s'y connaît parfaitement. On ne le peut estre aux Raphaëls, ni aux Jules Romain, ni aux Caraches, si ce n'est dans les païsages, où, très souvent, on a vendu des païsages du Viole pour des tableaux d'Annibal, des Guaspres pourdés Poussins, des Forests. pour'des Moles 3. Mais pour les tableaux de Gérard Dow, on [ne]~ peut y estre fourbé. J'en ay une copie oui de très bons peintres ont esté trompés. Les Caraches sont faciles à. connoitre, et toute leur école est très charactérisée. On ne peut confondre un tableau du Guide avec un tableau de Guerchin, un 1. Ms.,col. 134etsuiv.
3. Collectionneur cite dans le Dt'c<tO)tMat)'e de Bonnaffé.
3. Ce Forest, d'après Mariette (A6ece~srto), est d'ailleurs élève de Mole.. 4. « Ne.)) se trouve ici évidemment .par inadvertance.