ravissante, et trois amours aussi beaux que l'amour mesme. L'indécence de ce tableau consistoit en ce que la déesse dormant, ou faisant semblant de dormir, levoit une jambe qui découvroit trop le nud du siège d'amour. De l'autre manière, il ne paraît plus. Les jambes et la cuisse immodestes sont coupées, et il ne reste que la teste de la principale figure, avec les trois amours, qui ne peuvent estre plus charmants qu'ils sont', o L'opération n'est pas aisée à concevoir; mais il n'est que trop clair qu'une Vénus fut privée de son corps, pour ne pas échauffer l'imagination de jeunes séminaristes et d'un vieillard encore vert. Ce fut la stricte application du précepte évangéfique « Si ton bras droit fait scandale, coupe-le et jette-le. » 11 arrive toujours un temps où les œuvres nées dans l'amour des beautés naturelles semblent un défi aux vertus ascétiques. Qu'on se rappelle le mot de La Bruyère, d'une dureté bien intransigeante chez un homme qui n'était ni un Savonarole, ni un Calvin: « Que les saletés des dieux, la Vénus, le Ganymède et -les autres nudités du Carache aient été faites pour des princes de l'Église, et qui se disent successeurs des apôtres, le palais Farnèse en est la preuve2 »; et l'on comprend alors par quelles sollicitations et quelles exigences le pauvre Brienne, suspect pour ses mœurs passées, astreint à donner des gages de sa réhabilitation, fut enfin obligé de trouver indécente une Fe'M qu'il avait jusqu'alors contemplée avec amour. Sa véritable faiblesse fut de ne pouvoir s'en séparer et d'aimer mieux la mutiler que de la perdre. LOUIS H 0 U R T 1 C Q
(Lff suite prochainement.)
i.Ms.,co).234.
2. La Bruyère, CfH'ac<e''es De quelques usages.