Albert, dit-on, était son onde. Peut-être fut-il son maître mais c'est là une simple conjecture, car il paraît qu'on ne sait pas grand'chose du neveu. L'époque exacte de sa naissance, on l'ignore. Celle de sa mort? On n'est pas fixé, et si l'on possède sa signature, ce n'est pas sur ce portrait qu'on l'a trouvée. L'œuvre est datée
0 0
G~ J(f~
mais elle n'est pas signée. En attendant que t'érudition ait dissipé toutes ces ténèbres, laissons-nous aller au plaisir d'admirer cette jeune femme, qu'elle vienne de Benjamin ou de Jacob. Admirer, c'est beaucoup et ce n'est pas assez. Elle n'est pas jolie, et pourtant on est tenté de lui faire un doigt de cour. Gageons qu'elle ne songera pas à s'en formaliser. Naïve personne, voire même un peu gauche, et malgré tout coquette. Ce portrait aura été un événement dans sa vie. Elle s'est mise en frais. La voilà dans ses plus beaux' atours robe noire brodée d'argent aux manches et à la taille un énorme pompon à la ceinture des manchettes soigneusement empesées; des bracelets, un collier d'or; l'éventail à demi ouvert dans la main droite qui ne semble pas très-habituée à en jouer par-dessus la collerette en guipure,'une colossale fraise tuyautée, chefd'œuvre de la repasseuse, lui couvre les épaules et le haut de la poitrine, encadrant une petite tête qui se penche comme pour écouter complaisamment quelque propos doux ou gai, une physionomie souriante, rayonnante, candide et malicieuse à la fois un bonnet comme on n'en fait plus, un bonnet cousin de sa fraise, lui serre les oreilles et laisse voir la naissance de ses cheveux roux, lissés en arrière à la chinoise. Le regard petille de jeunesse et la bouche légèrement entr'ouverte donne à la joie qui anime le visage une nuance d'étonnement. Cette jeune femme évidemment s'amuse, mais il est clair aussi que cela ne lui arrive pas tous les jours. Elle n'en revient pas, mais elle y reviendrait volontiers. Ce piquant portrait aura fait passer à Benjamin Cuyp un agréable moment qu'il n'a eu garde d'abréger. Pas d'improvisation, pas d'emporte-pièce, rien de t'~x abrupto de Hais dans cette peinture, lissée comme les cheveux du modèle, avec amour, mais auss.i avec esprit, sans excès de caresse, coquettement, mais magistralement.
Le Por/ra~ vieille femme par Aart Mytens éveille d'autres idées. 11 y a de beaux ans que cette vénérable grand'maman a renoncé à la