de là date aussi, plus indirectement, l'application générale de l'art a la décoration navale.
Les recueils de pièces maritimes conservées au cabinet des Estampes de Paris ne donnent pas d'exemples de décoration navale antérieurs au xv~ siècle, et les exemples qu'ils fournissent se rattachent tous uniquement aux traditions de la renaissance italienne. On n'y aperçoit rien qui' témoigne d'un art antérieur. Sans doute, les nefs du moyen âge étaient peintes et dorées; mais aucun monument ne les montre décorées de figures et d'ornements. Quand le pinceau fidèle et précis d'HemHng retrace les épisodes de l'histoire de sainte Ursule, les navires su" lesquels s'embarquent les vierges de Cologne représentent ceux que le peintre du xve siècle avait vus de ses yeux. Or, ces navires ne portent aucune décoration. Le vaisseau flamand conservé a l'Armeria de Madrid et daté de i523 n'a qu'une frise d'ornement courant le long des bordages. 11 faut arriver jusqu'en 1568 pour apercevoir un véritable système décoratif appliqué, non pas encore aux vaisseaux, mais aux galères, et à des galères de la Méditerranée, c'est-à-dire sous l'influence italienne. Un n écrivain espagnol, Vander Hummen y Léon, décrit en termes pompeux la galère destinée à Don Juan d'Autriche, dont la poupe, enrichie de nombreuses figures peintes, représentait les épisodes de l'histoire de Jason. Enfin, au commencement du xvif siècle, lorsque Stephano della Bella grave ses estampes de marine, le système est complet, avec tous les éléments qu'il comporte. Des cariatides s'appuient aux flancs de la galère; des chimères ailées supportent le carrosse; des termes séparent les basreliefs. Et la répétition des mêmes motifs sur plusieurs bâtiments analogues prouve bien qu'il ne s'agit pas d'un fait isolé, mais d'un système d'art adopté depuis quelque temps déjà et passé en usage. Or, cet art n'accuse point d'autre origine que la renaissance italienne. C'est un dérivé de ce grand courant qui se répandit partout pour tout vivifier et tout rajeunir.
~'oilà donc un point acquis. En 163A, au moment où s'organisait l'arsenal de Toulon, la décoration navale n'avait plus rien à apprendre en ce qui touche les galères. Il s'en fallait de beaucoup que l'ornementation des vaisseaux fût aussi avancée. Les vaisseaux du xv)~ siècle ont leur arrière plat et nu. Une pièce allemande, gravée en 4 597, nous montre un vaisseau pourvu d'un balcon découvert, et décoré, le long des bordages, de plusieurs mufues de lions et d'un grand rinceau sur fond noir. Mais la disproportion de ces ornements avec les dimensions du navire semble indiquer de la part du dessinateur un travail de fantaisie. Toutefois, le vaisseau gravé en 1603 par H. Hondius offre une décoration ana-