Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 5 à 5 sur 182

Nombre de pages: 1

Notice complète:

Titre : Oeuvres illustrées ; 4. La reine Margot. 4, 1 / par Alexandre Dumas ; éd. ill. par E. Lampsonius et Lancelot

Auteur : Dumas, Alexandre (1802-1870). Auteur du texte

Éditeur : Calmann Lévy (Paris)

Date d'édition : 18

Contributeur : Lampsonius, Eugène (1822-1871). Illustrateur

Contributeur : Lancelot, Dieudonné Auguste (1822-1894). Illustrateur

Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb388585722

Relation : Titre d'ensemble : Oeuvres illustrées

Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12417486p

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb38858669f

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 178-186 p. : ill.

Format : Nombre total de vues : 182

Description : [La reine Margot (français)]

Description : Appartient à l’ensemble documentaire : GTextes1

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k202877g

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 96%.


du Louvre, et de son reflux la base de l'hôtel de Bourbon, qui s'élevait en face.

Il y avait, malgré la fête royale, et même peutêtre à cause de la fête royale, quelque chose de menaçant dans ce peuple; car il ne se doutait pas que cette solennité, à laquelle il assistait comme spectateur, n'était que le prélude d'une autre, remise à huitaine, et à laquelle il serait convié et s'ébattrait de tout son cœur.

La cour célébrait les noces de madame Marguerite de Valois, fille du roi Henri II et soeur du roi Charles IX, avec Henri de Bourbon, roi de Navarre. En effet, le matin même, le cardinal de Bourbon avait uni les deux époux, avec le cérémonial usité pour les noces des filles de France, sur un théâtre dressé à la porte de Notre-Dame.

Ce mariage avait étonné tout le monde, et avait fort donné à songer à quelques-uns qui voyaient plus clair que les autres on comprenait peu le rapprochement de deux partis aussi haineux que l'étaient, à cette heure, le parti protestant et le parti catholique; on se demandait comment le jeune prince de Condé pardonnerait au duc d'Anjou, frère iu roi, la mort de son père assassiné à Jarnac par Montesquiou. On se demandait comment le jeune duc de Guise pardonnerait à l'amiral de Coligny la mort du sien, assassiné à Orléans par Poltrot de Méré. Il y avait plus Jeanne de Navarre, la courageuse épouse du faible Antoine de Bourbon, qui avait amené son fils Henri aux royales fiançailles qui l'attendaient, était morte il y avait deux mois à peine, et de singuliers bruits s'étaient répandus sur cette mort subite. Partout on disait tout bas, et en quelques lieux tout haut, qu'un secret terrible avait été surpris par elle, et que Catherine de Médicis, craignant la révélation de ce secret, l'avait empoisonnée avec des gants de senteur, qui avaient été confectionnés par un nommé René, Florentin fort habile dans ces sortes de matières. Ce bruit s'était d'autant plus répandu et confirmé, qu'après la mort de cette grande reine, sur la demande de son fils, deux médecins, desquels était le fameux Ambroise Paré, avaient été autorisés à ouvrir et étudier le corps, mais non le cerveau. Or, comme c'était par l'odorat qu'avait été empoisonnée Jeanne de Navarre, c'était le cerveau, seule partie du corps exclue de l'autopsie, qui devait offrir des traces du crime. Nous disons crime, car personne ne doutait qu'un crime n'eût été commis.

Ce n'était pas le tout; le roi Charles particulièrement avait mis à ce mariage, qui non-seulement rétablissait la paix dans son royaume, mais encore attirait à Paris les principaux huguenots de France, une persistance qui ressemblait à de l'entêtement. Comme les deux fiancés appartenaient, l'un à la religion catholique, l'autre à la religion réformée, on avait été obligé de s'adresser, pour la dispense, à Grégoire XIII, qui tenait alors le siège de Rome. La

dispense tardait, et ce retard inquiétait fort la feue reine de Navarre; elle avait un jour exprimé à Charles IX ses craintes que cette dispense n'arrivât point, ce à quoi le roi avait répondu

« N'ayez souci, mabonnetante, je vous honore plus que le pape, et aime plus ma soeur que je ne le crains. Je ne suis pas huguenot, mais je ne suis pas sot non plus, et, si monsieur le pape fait trop la bête, je prendrai moi-même Margot par la maiu et je la mènerai épouser votre fils en plein prêche. » Ces paroles s'étaient répandues du Louvre dans la ville, et, tout en réjouissant fort les huguenots, avaient considérablement donné à penser aux catholiques, qui se demandaient tout bas si le roi les trahissait réellement, ou bien ne jouait pas quelque comédie, qui aurait un beau matin ou un beau soir son dénoûment inattendu. •

C'était vis-à-vis de l'amiral Coligny surtout, qui, depuis cinq ou six ans, faisait une guerre acharnée au roi, que la conduite de Charles IX paraissait inexplicable; après avoir mis sa tête à prix à cent cinquante mille écus d'or, le roi ne jurait plus que par lui, l'appelant son père et déclarant tout haut qu'il allait confier désormais à lui seul la conduite de la guerre c'était au point que Catherine de Médicis elle-même, qui jusqu'alors avait réglé les actions, les volontés et jusqu'aux désirs du jeune prince, paraissait commencer à s'inquiéter tout de bon, et ce n'était pas sans sujet, car, dans un moment d'épanchement, Charles IX avait dit à l'amiral, à propos de la guerre de Flandre

« Mon père, il y a encore une chose en ceci à laquelle il faut bien prendre garde c'est que la reine ma mère, qui veut mettre le nez partout, comme vous savez, ne connaisse rien de cette entreprise, que nous la tenions si secrète qu'elle n'y voie goutte, car, brouillonne comme je la connais, elle nous gâterait tout. »

Or, tout sage et expérimenté qu'il était, Coligny n'avait pu tenir secrète une si entière confiance; et, quoiqu'il fût arrivé à Paris avec de grands soupçons, quoiqu'à son départ de Châtillon une paysanne se fût jetée à ses pieds, en criant Oh Monsieur, monsieur notre bon maître, n'allez pas à Paris, car, si vous y allez vous mourrez, vous et tous ceux qui i iront avec vous; ces soupçons s'étaient peu à peu éteints dans son coeur, et dans celui de Téligny, son gendre, auquel le roi, desoncôté, faisait de grandes amitiés, l'appelant son frère comme il appelait l'amiral son père, et le tutoyant, ainsi qu'il faisait pour ses meilleurs amis.

Les huguenots, à part quelques esprits chagrins et défiants, étaient donc entièrement rassurés la mort de la reine de Navarre passait pour' avoir été causée par une pleurésie, et les vastes salles du Louvre s'étaient emplies de tous ces braves protestants auxquels le mariage de leur jeune chef Henri promettait un retour de fortune bien inespéré. L'a-