1v
f~ prés-midi lorsqu'une file
v~~ML~~ de cavaliers reluisants d'or,
< de joyaux et d'habits splen-
dides, apparut dans la rue
Saint-Denis, débouchant à
l'angle du cimetière des
Innocents, et se déroulant
au soleil entre les deux rangées de maisons sombres comme un immense reptile aux chatoyants anneaux.
Nulle troupe, si riche qu'elle soit, ne peut don- ner une idée de ce spectacle. Les habits soyeux, riches et éclatants, légués comme une mode splendide par François Ier à ses successeurs, ne s'étaient t pas transformés encore dâns ces vêtements étriqués et sombres qui furent de mise sous Henri III de sorte que le costume de Charles IX, moins riche, mais peut-être plus élégant que ceux des époques précédentes, éclatait dans toute sa parfaite harmonie. De nos jours, il n'y a plus de point de comparaison possible avec un semblable cortége car nous en sommes réduits, pour nos magnificences de parade, à la symétrie et à l'uniforme.
Pages, écuyers, gentilshommes de bas étage, chiens et chevaux marchant sur les flancs et en arrière, faisaient du cortége royal une véritable armée. Derrière cette armée venait le peuple, ou, pour mieux dire, le peuple était partout.
Le peuple suivait, escortait et précédait; il criait à la fois Noël et Haro car dans le cortége on distinguait plusieurs calvinistes ralliés, et le peuple a de la rancune.
C'était le matin, en face de Catherine et du duc Je Guise, que Charles IX avait, comme d'une chose toute naturelle, parlé devant Henri de Navarre d'aller visiter le gibet de Montfaucon, ou plutôt le corps mutilé de l'amiral, qui était pendu. Le premier mouvement de Henri avait été de se dispenser de prendre part à cette visite. C'était là où l'attendait Catherine. Aux premiers mots qu'il dit exprimant sa répugnance, elle échangea un coup d'œil et un sourire avec le duc de Guise. Henri surprit l'un et l'autre, les comprit, puis, se reprenant tout à coup – Mais, au fait, dit-il, pourauoi n'irais-je pas?
XYÏ
LE CORPS D'UN ENNEMI MORT SENT TOUJOURS BON.
1 était deux heures de l'a-
Je suis catholique et je me dois à ma nouvelle reli- gion.
Puis, s'adressant à Charles IX
– Que Votre Majesté compte sur moi, lui dit- je serai toujours heureux de l'accompagner partout où elle ira.
Et il jeta autour de lui un coup d'œil rapide pour compter les sourcils qui se fronçaient. Aussi, celui de tout le cortége que l'on regardait avec le plus de curiosité peut-être, était ce fils sans mère, ce roi sans royaume, ce huguenot fait catholique. Sa figure longue et caractérisée, sa tournure un peu vulgaire, sa familiarité avec ses inférieurs, familiarité qu'il portait à un degré presque inconvenant pour un roi, familiarité qui tenait aux habitudes* montagnardes de sa jeunesse et qu'il conserva jusqu'à sa mort, le signalaient aux spectateurs, dont quelques-uns lui criaient
A la messe, Henriot, à la messe 1
Ce à quoi Henri répondait
J'y ai été hier, j'en viens aujourd'hui, et j'y retournerai demain. Ventre-saint-gris! il me semble cependant que c'est assez comme cela. Quant à Marguerite, elle était à cheval, si belle, si fraîche, si élégante, que l'admiration faisait autour d'elle un concert dont quelques notes, il faut l'avouer, s'adressaient à sa compagne, madame la duchesse de Nevers, qu'elle venait de rejoindre, et dont le cheval blanc, comme s'il était fier du poids qu'il portait, secouait furieusement la tête. Eh bien! duchesse, dit la reine de Navarre, quoi de nouveau?
Mais, madame, répondit tout haut Henriette, rien que je sache.
Puis tout bas
Et le huguenot, demanda-t-elle, qu'est-il devenu ?
Je lui ai trouvé une retraite à peu près sûre, répondit Marguerite. Et le grand massacreur de gens, qu'en as-tu fait?
11 a voulu être de la fête; il monte le cheval de bataille de M. de Nevers, un cheval grand comme un éléphant. C'est un cavalier effrayant. Je lui ai permis d'assister à la cérémonie, parce que j'ai Dense que prudemment ton huguenot garderait h