non dégrossi, une tête ou un corps parfaitement'ouvragés, sous prétexte de.renouvelerce procédé des Grecs.C'est ne pas prendre garde, malheureusement, que les oeuvres grecques qui présentent une exécution semblable, sont tout~bonnement des oeuvres inachevées, et n'avoir pas idée que les~Grecs'se sont toujours efforcés, au contraire, de faire disparaître ce qui pouvait conduire le spectateur à une délectation matérielle. Et qu'on ne nous réponde pas, là-dessus, qu'il y a la Vénus de Milo dont toute la beauté est dans la matière nous n'avons-pas le droit de'fonder quoi que ce soit sur l'observation de cette œuvre; c'est' un débris, un débris glorieux sans doute; mais dont l'idée générale nous échappe, puisqu'est détruit le système de lignes qui l'enfermait. Il y a mieux nous avons d'elle presque nécessairement une idée différente de celle qu'elle-devaitsuggérer,et il suffit,pour s'en convaincre,de considérer quelqu'une de ses nombreuses répliques. Le caractère de la Vénus de Milo est sensuel. Celui des répliques abstrait' et sentimental. Cela vient-il de ce que les artistes qui ont mis en œuvre ces répliques ont donné moins d'application, moins de scrupule aux détails matériels? Point. Cela vient de ce que la poésie excessive du mouvement emporte l'admiration du, spectateur et le distrait de se concentrer sur la beauté matérielle, tant la conception formelle, lorsqu'elle est antérieure à l'œuvre, est suffisamment forte pour remettre la matière la plus bellëàson rang qui est le second.
Ingres avait coutume de dire « Le dessin, c'este la probité de l'art. » Cette probité, chez lui, se bornait à la technique, car peu d'artistes, pas même les Bolonais, ont été aussi fantaisistes que ce puriste faiseur; il n'entendait désigner, par ce terme de morale, que ce soin appliqué de l'exactitude qui, chez-un artiste, est~Ie meilleur signe del'énergie et de là constance. Il semble pourtant que l'on pourrait désirer encore la probité ailleurs que dans les recettes du métier, et donner à ce beau, mot un objet moins manuel, lui faire désigner la conscience de l'artiste, laquelle n'est pas très éloignée de la conscience vulgaire,- c'est-à-dire de la culture intérieure. Sentir avec tous. ses nerfs, comparer, ordonner ces diverses sensations selon le profit dont elles sont'pour le développement de la personnalité, redoubler jusqu'à les définir dans celles que l'on sent, supérieures, puis mesurer d'après elles les réalités