systématiquement l'orgueil, déjoue sans arrêt les ambitions, contredit indénnimeut les espérances, cette personne, ce peuple, ce monde, s'il a la force de ne pas abdiquer, s'il persiste à vouloir, s'il ne veut renoncer à rien de son âme, ne peut plus que se rejeter dans l'attente de l'événement surnaturel qui réalisera ses espérances, qui, malgré le monde coalisé, couronnera ses ambitions, qui, brisant d'un seul coup toutes les forces de la terre, fera triompher son orgueil.
Le sentiment religieux, c'est l'âme humaine qui ne veut plus rien attendre que de l'œuvre d'un dieu. L'idée religieuse se fonde sur deux faits l'impuissance humaine, la toute-puissance divine. La religion, c'est l'impuissance humaine qui s'en remet à la toute-puissance divine.
La religion grecque, la religion romaine furent des cultes, mais ne furent point, à proprement parler, des religions; jamais les Grecs ni les Romains n'abdiquèrent dans le surnaturel. Pour créer la religion, il fallut, d'une part, la persistance incommensurable de l'âme juive, et, d'autre part, l'extraordinaire suite de circonstances qui l'opprimèrent sans relâche. La religion est une création du judaïsme.
EDOUARD DUJARDIN.