de quelques cartes claires, d'un glossaire commenté des principaux « termes
politiques » et d'une liste des « principaux acteurs ») n'apparaisse pas tout au
long du livre les notes, les renvois aux sources sont pratiquement absents
sauf, curieusement dans la postface et les guillemets, citations et infor-
mations ponctuelles restent sans indication de provenance.
Cette « perspective » de la guerre d'Espagne se veut avant tout chrono-
logique. Les 16 chapitres du volume obéissent à une distribution événemen-
tielle de la guerre (« L'Espagne de l'Ancien Régime », « La chute de la
Monarchie », « La Seconde République 1931-1936 », « La conspiration et le
soulèvement », et ainsi jusqu'à la fin de la guerre). A ces 16 chapitres s'ajoutent
deux épilogues, le premier sur « L'Espagne de Franco les années difficiles
1939-1950 » et le second sur « Les années paradoxales développement
économique et immobilisme politique 1951-1975 », ainsi qu'une postface sur
l'après-franquisme. Cette structure montre bien que le projet général de
R. Carr est de présenter un vaste panorama de l'Espagne du xxe siècle dans
laquelle la guerre s'intègre logiquement. Cette préoccupation de R. Carr
pour produire une réflexion, une synthèse sur toute cette période, le conduit,
dans le cadre de cette présentation chronologique, à rechercher un équilibre
diffcile entre les données événementielles indispensables à tout ouvrage his-
torique et un raisonnement analytique plus spéculatif. Or, il ne semble pas
que cet équilibre ait été trouvé (et d'ailleurs pouvait-il l'être ?). Raymond
Carr éprouve une tentation évidente pour la spéculation. Ce n'est pas un
défaut en soi et on conçoit fort bien qu'un ouvrage se veuille plus analytique
qu'érudit, mais le panachage s'avère un exercice difficile.
Ainsi, par exemple, le livre s'ouvre sur une présentation de la question
rurale espagnole en quelques paragraphes l'auteur nous en brosse un pano-
rama net, bien étayé et même convaincant. C'est là, pense-t-on, un éclairage
initial original qui convient exactement à un pays où les problèmes agraires
constituent certainement la clé essentielle de toute l'histoire contemporaine.
Mais, en fait, ce début prometteur n'obéit pas à un système pertinent et le
chapitre (ce premier) consiste en un balayage, un survol rapide des grands
domaines traditionnels tels que l'économie, les régionalismes, les partis
politiques en présence, etc. Il en est ainsi de tous les chapitres qui, toujours à
cause de ce découpage en tranches temporelles, en sont réduits à chaque fois
à une présentation nécessairement partielle de tous les problèmes poli-
tiques, économiques et militaires. On en arrive ainsi à ce paradoxe que ce livre
qui se veut perspective n'offre au lecteur aucune synthèse sur les questions
fondamentales qui agitent la République espagnole en guerre. On ne trou-
vera donc pas de réflexion globale sur le mode de production agricole ou
industrielle, sur l'armée, sur l'Etat, etc. La question agraire, le débat sur les
collectivisations, par exemple, apparaissent (essaimés d'un chapitre à
l'autre) sous un angle plus polémique qu'économique peu de chiffres, peu de
données statistiques, les décrets sont absents. Quant aux forces politiques en
présence, elles sont présentées sommairement les anarchistes n'occupent
que quelques paragraphes, le POUM un peu plus d'une page et le PCE une
demi-page. On ne trouvera pratiquement rien sur les associations militaires
de la République, ni sur le rôle des gouvernements en face des conspirations,
ni sur la militarisation des milices, ni sur la non-intervention, etc.
L'ambiguïté de cet ouvrage se manifeste également à un autre niveau.
S'il est vrai que l'auteur possède une excellente documentation, qu'il raconte
bien, dans une langue nerveuse et dense (ses présentations des opérations
militaires, des grandes batailles se lisent avec plaisir), on observe que cette