inégalités se maintiennent dans l'emploi, car, à qualification égale, le Noir
est toujours désavantagé (l'exemple de la médecine est particulièrement
significatif à cet égard). L'ouvrage est bien documenté, avec de nombreux
tableaux sur les années récentes et moins bien connues, en général.
Dans un ouvrage au titre provocateur, le P. Chenu répare ce qu'il
considère comme une grave omission, la méconnaissance de la théologie
noire aux Etats-Unis71. Cette théologie est pourtant florissante depuis
une dizaine d'années, dans le sillage de la révolution noire.
VII. L'Ouest et les Indiens
Si l'Ouest continue à fasciner les Américains, historiens ou non, les
ouvrages reçus ne rendent compte que très partiellement de l'abondance
de la production historique.
L'ouvrage de loin le plus significatif des tendances nouvelles de
l'histoire indienne est celui de Francis Jennings, qui bouleverse nombre
d'idées reçues'2. L'Amérique du Nord n'était pas vide quand y débar-
quèrent les premiers colons, loin de là ils se heurtèrent à une population
sédentaire qu'ils dépouillèrent de leurs terres, rejetèrent vers l'Ouest et
traumatisèrent pour plusieurs générations. Les Puritains sont dépeints
comme des êtres brutaux, cupides et complètement imperméables à la
culture des Indiens. De là des affrontements sanglants, qui sont présentés
dans la seconde partie de l'ouvrage, dans le cadre géographique de la
Nouvelle-Angleterre, de l'arrivée des colons jusqu'à la guerre du roi
Philippe (1675-1676), qui marque l'affaiblissement définitif des Indiens.
L'auteur a utilisé une documentation massive et renouvelé l'histoire
de cette période encore peu connue. Il est possible qu'il ait exagéré
l'incompréhension et la brutalité des Puritains, du moins a-t-il frayé la
voie à de nouvelles recherches.
Malcolm Rohrbough, auquel on doit un ouvrage sur la vente des terres,
publie une étude sur la frontière transappalachienne entre 1775 et 185073.
C'est l'époque décisive où les pionniers traversent cette chaîne et commen-
cent à s'établir sur le versant ouest, le long de l'Ohio et de ses affluents.
L'auteur étudie non pas les explorations, mais les conditions d'installation
71. Bruno CHENU, Dieu est noir. Histoire, religion et théologie des lVoirs américains,
Paris, Le Centurion, 1977, 319 p.
72. Francis JENNINGS, The Invasion of America, Indians, Colonialism, and the Cant
of Conquest, New York, W. W. Norton & Co, 1976, 369 p.
73. Malcolm J. ROHRBOUGH, The Trans-Appalachian Frontier. People, Societies,
and Institutions, 1775-1850, New York, Oxford up, 1978, 444 p.