a écrites. J'en dirai autant de la Deffence, toutes proportions gardées. Alors même que Joachim n'aurait été que le théoricien et le porte-parole de la Pléiade, ce manifeste n'en serait pas moins son œuvre, originale et personnelle, parce que, sans parler du passage où il est fait allusion à ses affaires domestiques (i), on y trouve toutes les qualités et tous les défauts de son style la fluidité, l'abondance, l'éloquence diserte, la faiblesse d'argumentation, un goût souvent douteux mais plus sûr que celui de Ronsard, et cette morgue hautaine qui, chaque fois qu'il discute, trahit le gentilhomme (2). Je ne vois pas d'ailleurs qui aurait pu écrire la Deffence à sa place, parmi ses camarades du collège Coqueret. Ronsard n'avait pas la plume facile et voulait débuter par un livre d'odes; de plus il portait un nom qui ne disait rien encore à l'oreille du grand public. Baïf était beaucoup trop jeune et n'était pas suffisamment armé pour la lutte. Dorat qui était surtout un helléniste et un humaniste, était obligé par sa situation de principal d'observer urte grande réserve. C'est donc heureux pour la Pléiade que Joachim se soit trouvé là pour réfuter et complèter l'Art poétique de Thomas Sibilet, car si la réforme de Ronsard se fût accomplie quand même sans la (r) Chap. V, livre Ir.
(2) Et dans la préface de l'Olive, parlant de ce manifeste, il dit « ma Deffence » pour bien marquer qu'il était son œuvre.