apporter leurs lettres. Nous eûmes cependant un jour des détails précis et circonstanciés sur leur sort.
Un des prisonniers de Sidi-Brahim, le nommé Bernard, du 8e bataillon de chasseurs, était parvenu à s'échapper au moment où nos pauvres camarades quittaient Taza; ce fut le désordre du départ qui favorisa son évasion. Cet homme, arrivé à Nemours le 21 février, fit connaître que la Deïra venait de s'enfoncer dans les montagnes qui prolongent la chaîne des Beni-Snassen, et que, dans ses courses, le général s'en était trouvé à dix lieues environ. Nos prisonniers conservaient un excellent moral; ils étaient soutenus par l'exemple du colonel Cognord, qui avait refusé l'hospitalité de Bou-Hamedi, chez lequel il eut été beaucoup mieux, pour ne pas quitter ses camarades. Les Arabes étaient étonnés du dévouement de nos officiers pour les soldats, particulièrement de les voir prêter leurs chevaux auxmalades. On n'apprit pas en même temps sans horreur et sans un pénible retour sur la réputation d'humanité qu,on faisait à l'Emir, que six de nos malheul'eux prisonniers, trop malades ou trop fatigués pour suivre la Deïra, avaient été égorgés par ordure de Bou-Hamedi.