Septembre 1915.
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Trois avis marquent le début de septembre
I. Deux cent cinquante grammes de pommes de terre sont octroyés par tête d'habitant et par jour (1), pour la durée d'un mois, aux propriétaires de champs de ces tubercules ensemencés par eux
II. Toutes les machines à écrire se trouvant sur le territoire de Sedan, sont déclarées saisies
III. Enfin, le troisième avis, fort long, signé du général en chef von Einem, (daté du 25 août et placardé seulement le 5 septembre), exige, dans un délai de quinze jours, la liste complète et strictement exacte des habitants, avec les nom, prénom, âge et profession de chacun d'eux elle devra être, en cette teneur, placardée en dehors des portes d'entrée de chaque maison habitée. La curiosité aidant (c'est le moindre défaut de l'humanité) ces relevés indiscrets réuniront évidemment un grand nombre de lecteurs, en attendant qu'ils soient, comme à Charleville, pour l'autorité, allemande un thème à descente domiciliaire, sous prétexte de voir si tel ou tel logis ne renferme point d'espions les Allemands n'ont-ils pas, en effet, la hantise de l'espionnage, si largement d'ailleurs pratiqué par euxmêmes ?
Et il ne s'agit pas de contrevenir en quoi que ce soit à cette sommation, ni de « tricher » par exemple sur votre âge Prison, amendes, peines plus graves peut-être encore pleuvraient sur vous (2).
(1) Le Rapport réclamait un minimum de 300 grammes par habitant. (2) Avis confirmé par celui du 16 septembre.