donc à peu près quatorze ans quand elle débuta sur le Trottoir.
Quand on aperçoit cette vieille usée, ridée, ratatinée, renfrognée, on pense Tiens! un cadavre ambulant!
Vous la. regardez avec pitié, la prenant d'abord pour une mendiante, et vous restez ébahi, quand, souriant, oh! ce sourire ignoble et douloureux! elle vous demande
Venez-vous me voir, monsieur?
On suppose que, pour viyoter, elle dévalise les ouvriers ivres qu'elle réussit à « embarquer » dans son taudis, car, enfin, si peu que ce soit, il faut bien qu'elle mange. Ce qui est cel tain, c'est qu'elle boit, et beaucoup Marie est saoule toute l'année! Elle ne raccroche pas toujours au même endroit. Méchante, querelleuse, elle se fait chasser de tous les hôtels borgnes où elle habite. Alors, errant d'un quartier à l'autre, c'est aux environs de son domicile du moment qu'elle balade sa pauvre carcasse couverte de hardes sordides, et reluque les hommes de son unique «'mirette ».
Marie n'a pas peur, — ou, peut-être, se croit-elle encore désirable, — puisque, malgré sa décrépitude et sa saleté repoussante, elle s'adresse aussi bien à un élégant qu'à un ouverrerier endimanché.
Si ce croquis de Marie vous fait la désirer, vous la rencontrerez, titubant et gueulant, aux alentours de l'hôpital Bichat. C'est par là qu elle gîte, actuellement.