Les Juifs n'avaient pas encore la liberté de s'enrichir par tous les moyens aux dépens du peuple chrétien. L'Eglise respectait leur conscience et leur culte (le pape Alexandre III défendit qu'on leur ôtât leurs synagogues) et les protégeait même contre les fureurs populaires et contre d'injustes spoliations. Mais cette bienveillance charitable des pontifes et des pouvoirs chrétiens ne leur faisait pas oublier les règles de la prudence et le devoir de sauvegarder la t société chrétienne. S'il ordonna à tous ses baillis de chasser de leur territoire les Caorsins, société de marchands lombards et florentins qui ruinaient ses sujets par des usures criantes', saint Louis ne devait pas se montrer plus tolérant envers les Juifs, dont il connaissait la rapacité et la haine héréditaire pour les chrétiens. Une de ses ordonnances en 1254 porte « qu'ils doivent s'abstenir de l'usure et des blasphèmes. qu'ils vivent du travail de leurs mains et du négoce, sans usure ». « Cessent ub usuris et blasphemiis. vivant de laboribus manuum suarum vel de negotiationibus sine usuris. » Ceux dui ne voudront pas se soumettre à ces lois seront chassés, et ceux qui les trangresseront seront légitimement punis.
Beugnot. Institutions de saint Louis, p. 268.