teur par des questions et des objections, comme dans les homélies de l'Église primitive. Cette liberté d'interruption, qui n'avait pas, dans ces temps de foi vive, les inconvénients qu'elle aurait de nos jours, allait même jusqu'à faire entendre des protestations. Une dame, entendant le prédicateur dire que la femme de Pilate, par ses instances en faveur de Jésus-Christ, avait voulu mettre ohstacle au salut du genre humain, se leva brusquement et lui cria zzz plezzo sermonze de cesser de calomnier son sexe. (Lecoy de la Marche, Chaire française au moyen âge, p. 204.) Grande est la liberté de part et d'autre. Le prédicateur, de son côté, tonne sans ménagement contre les abus et les vices de toutes les classes, et donne à ces âmes droites et simples une forte éducation religieuse. Ce n'est pas la curiosité, le désir d'entendre un beau parleur caressant l'oreille et l'irnagination, mais l'esprit de foi, le besoin de nourrir l'âme de la parole de Dieu qui amène ses auditeurs au pied de sa chaire. Pour eux il n'a pas besoin de mitiger l'Évangile et de dissimuler sa robuste simplicité sous les vains ornements de la rhétorique. Il flagelle sans pitié les seigneurs pillards, luxurieux, fléaux du peuple, les gens de chicane, « corbeaux d'enfer, qui se font graisser la patte », les prévôts, les collecteurs de gabelles, « harpies et