Bernard paie sans réclamation, salue du pied et sort enchanté d'avoir profité de l'occasion.
Lorsqu'il arriva chez lui, il était déjà quatre heures. La route l'avait fatigué, et il entra à la maison bien décidé à se reposer.
Cependant ses foins étaient coupés depuis deux jours et complètement fanés un des garçons vint demander s'il fallait les rentrer.
Ce soir? interrompit la fermière qui venait de rejoindre son mari ce serait grand péché de se mettre à l'ouvrage si tard, tandis que demain on pourra les ramasser sans se gêner.
Le garçon objecta que le temps pouvait changer, que les attelages étaient prêts et les bras sans emploi la fermière répondit que le vent était bien placé, et que la nuit viendrait tout interrompre. Bernard, qui écoutait les deux plaidoyers, ne savait à quoi se décider, lorsqu'il se rappela tout-à-coup le papier de l'avocat. Minute, s'écrie-t-il, j'ai là une consulte, c'est d'un fameux, et elle m'a coûté trois francs; ça doit nous tirer d'embarras. Voyons, Thérèse, dis-nous ce qu'elle chante, toi qui lis dans toutes les écritures.
La fermière prit le papier, et lut en hésitant ces deux lignes
Ne remettez jamais au lendemain
Ce que vous pouvez faire le jour même.
Il y a cela, s'écria Bernard, frappé d'un trait de lumière; alors vite les charrettes, les filles, les garçons, et rentrons le foin.
La femme voulut essayer encore quelques objections, mais il déclara qu'on n'achetait pas une consulte trois