Erreur d'an maire.
Un jeune soldat, sous les drapeaux depuis peu de temps, écrivait au maire de B. (Aisne), son village natal, pour le prier de donner des nouvelles à sa famille, qui ne savait pas lire, et lui apprendre qu'il était fusilier dans tel régiment.
A la lecture de cette lettre, le magistrat municipal ne sait plus que faire, Comment ? Quoi 1 N. fusillé 1 Qu'a-t-il donc fait? En quoi s'est-il rendu coupable? Quel est son crime, grand Dieu lui qui, avant son départ, s'était toujours si bien conduit et n'avait jamais encouru la disgrâce de l'autorité locale pour infraction à ses règlements Comment apprendre cette fâcheuse nouvelle à sa famille ?
Pour sortir d'embarras, le maire va trouver un sien voisin, confrère en municipalité, qui, après la lecture de la missive, éprouve le même embarras, et ne veut pas se charger d'informer les malheureux parents de N. que leur fils est fusillé. Bientôt pourtant la nouvelle se répand dans le village, et arrive aux oreilles de la famille avec différents commentaires.
Enfin celle-ci, bien convaincuc de la réalité de son malheur, fait sonner les cloches, et va commander un office des morts au curé, eu lui donnant connaissance de la lettre qui renfermait la mauvaise nouvelle. Après avoir lu la lettre, cet ecclésiastique eut assez de peine à faire comprendre aux parents que leur fils n'était ni fusillé, ni mort, mais qu'il était fusilier, et qn'il vivait pour la défense de la patrie.
Quand N. rentra dans ses foyers, le maire le prit sans doute pour un revenant.