On ne saurait trop répéter, avec M. Lescuyer, que le moyen le plus simple et le moins coûteux de prévenir les ravages des larves et des chenilles consiste à protéger les animaux qui les mangent et particulièrement les Rossignols, les Rouges-gorges, les Accenteurs, les Traquets, les Fauvettes ordinaires, les Fauvettes cisticoles, les Fauvettes aquatiques, en un mot tous les Becs-fins.
Après avoir étudié, avec une patience admirable, le régime de la plupart de nos oiseaux indigènes, le savant modeste dont j'ai déjà plusieurs fois cité le nom, Florent Prévost, affirmait hautement que si l'on cessait de faire la guerre à ces êtres éminemment utiles, la France récolterait plus de grain qu'il n'en faut pour sa consommation. Se décidera-t-on enfin à écouter d'aussi sages conseils ? Car, quoi qu'en disent certaines gens à courte vue qui semblent croire que les trésors de la nature sont inépuisables, il n'y a pas de temps à perdre si l'on veut sauver quelques-unes de nos espèces les plus précieuses. Que fera notre pays lorsqu'il n'aura plus d'oiseaux? Il faudra à grands frais, au prix des plus pénibles efforts, en mettant en œuvre toutes les ressources dont la science dispose, combattre les Rongeurs, les insectes malfaisants et les reptiles qui pulluleront d'autant mieux qu'ils seront délivrés de leurs ennemis naturels. Les récoltes, déjà insuffisantes, diminueront encore et, à l'exemple des colons de la Nouvelle-Zélande, l'on songera peutêtre alors à appeler de l'étranger quelques espèces auxiliaires pour remplacer celles dont on aura trop