quelque lacet et je venais, en cachette, lui apporter du gibier à Paris. Ça flatte d'avoir ça sur sa table quand personne n'en mange.
D. Vous faisiez le voyage exprès? Il est bien étonnant que, n'ayant pas de quoi payer vos loyers, vous trouviez de l'argent pour le dépenser en chemin de fer.
R. Oh d'abord, ça ne coûte pas cher, un peu plus de 19 francs seulement; et on peut bien trouver 19 francs facilement, quand on n'a pas 850 francs pour payer son bourgeois. D'ailleurs, j'ai toujours bien gagné mon voyage, chaque fois. Je réservais deux belles pièces pour M. Fostin mais pendant que j'y étais, la nuit é.l'atfût, dans nos bois, il n'en coûtait pas plus d'en prendre douze que d'en prendre deux. Et pour les autres. il ne manque pas à Paris de bonnes maisons, que je peux bien vous nommer et où on me les payait gras. Mes voyages, monsieur le juge, m'ont toujours rapporté l'un dans l'autre cent ou cent cinquante francs net. Faut donc pas me les reprocher.
D. Je vois que vous avez continué d'exister d'une façon bien irrégulière. Sous couleur d'être un cultivateur honorable, vous vivez surtout de contrebande et de braconnage.
R. Ah 1 je ne dis pas que je suis un gros banquier ou un négociant en vin patenté; mais je ne vis pas que de ça. le gibier, c'est par-dessus le marché, pour mon café et mon tabac.
D. En attendant que nous sachions au juste de quoi vous vivez, dites-moi où en étaient vos comptes d'argent avec M. Fostin, lorsque vous êtes venu à Paris le 29 avril et pourquoi vous y êtes venu.
R. Je suis venu pour doux choses; d'abord je voulais, sur le conseil d'autres vignerons plus anciens et plus malins, m'entendre directement avec des marchands de