Livre qvatriesmï DE rÀ
Diane, nous nous tournions de tous les cdJ fiez qu'il nous eftoit pofîîble pour nous te. nir cachez: Et mefme nous auions pris vne telle coutume dene nous parler point Cela. don & moy, ny Lycidas & Phillis, qu'il yen eut plufieurs qui crûrent que Celadon euft •changé de volonté :& parce qu'au contraire auffi toft qu'il voyoit Phillis il l'alloit entretenir, & elle luy faifoit toute la bonne chere qu'il luy eftoit pofîîble & moy de niefme, toutes les fois que Lycidas arriuoit, je rompais compagnie à tout autre pour parler à luy. Il aduint que par fucceffion de temps Celadon mefme eutopinion que j'aimois Lycidas, & moy je creus qu'il aimoit Phillis &;Phillis penfa que Lycidas m 'aimoit, & Lycidas eut opinion que Phillisaimoit Céladon. De forte quenousnoustrouuafmeSjiansypenfer, tellement embrouillez de ces opinions, que la jaloufie nous fit bien paroiftre qu'il faut peu » d'apparence pour la faire naiflre dans vncceur qui aime bien. A la verité, interrompit Phillis, nous eîlions bien efcholiers d'Amour en ce temps-là: car à qnoy nous feruoit pour cacher ce que vrayement nous aimions, de faire croire à chacun vn' Amour qui n'eftoit pas puis que vous deuiez bien autant craindre que l'on creuftque vous voulufiïez du bien à Lycidas comme àCeladon? Ma fœur, mafœur repli»qua Aftrée, luy frappant de la main fur i'ei,,paule nous ne craignons guiere qu'on penCe "de nous ce qui m'eft pas & au contraire le