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Titre : Le Charivari : publiant chaque jour un nouveau dessin

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1833-05-27

Contributeur : Philipon, Charles (1800-1862). Directeur de publication

Contributeur : Huart, Louis (1813-1865). Directeur de publication

Contributeur : Véron, Pierre (1831-1900). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34452332k

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34452332k/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 359

Description : 27 mai 1833

Description : 1833/05/27 (A2,N178).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k1151898

Source : Bibliothèque nationale de France, département Fonds du service reproduction, 4-Lc2-1328

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 24/10/2008

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JOURNAL PUBLIANT CHAQUE JOUR UN NOUVEAU DESSIN.

Catastrophe it$(At it taon DiUitigt,

OU L'ON POURRA SE CONVAINCRE DES AVANTAGES ÉPOUVANTABLES DE LA CENTRALISATION.

Mon village est situé au milieu de la campagne, comme dit M. Dubois (dont on fait les flûtes), privilège qui lui prête un charme particulier.

C'est le plus éloigné qui soit de Paris, ce dont je le félicite, quoique les nouvelles n'y parviennent que lorsqu'elles sont anciennes; à ce point que faute de grande route, le suffrage universel des diligences de la rue Notre-Dame-desVictoires ne put pas y proclamer Louis-Philippe au mois d'août 1830 et qu'on n'y connut que six mois ensuite la royauté-mitoyenne de ce grand homme de paix. Ce fut autant de gagné.

Mon village, du reste, était un petit Eldorado. La commune était fort opulente. Ses propriétés publiques consistaient en une montagne où il ne vient que des chardons, une forêt de deux cent cinquante arbres, un champ de pommes de terre, un pré, une chaumière et un ruisseau. C'est tout ce qu'il faut pour être heureux, d'après M. de Florian. Ses monumens se composaient d'une croix de bois, d'une grange qui sert de maison commune, d'une fontaine, d'un rocher qui fait l'admiration des connaisseurs, d'une borne d'un pont, d'un jeu de quilles, d'une auge en pierre pour l'abreuvage des quadrupèdes et du buste de l'un des sept sages de la Grèce, qu'un colporteur lui vendit dans le temps pour le portrait de Louis-Philippe. C'était un grand fripon 1 Ses principaux fonctionnaires sont un maire qui n'y est jamais, un adjoint qui est toujours absent, et un greffier qui n'y est pas souvent. C'est le maître d'école qui dirige ordinairement le vaisseau de l'endroit.

La force armée s'y compose du garde-champêtre et quant au climat, il y est sain. Le choléra y a passé, mais la croix d'honneur n'y a pas encore fait de victimes.

Or, la révolution de juillet ayant réalisé, en apparence, toutes les améliorations que réclamait auparavant M. Jay du Constitutionnel, les habitans de mon village crurent qu'ils allaient pouvoir s'administrer eux-mêmes, par le moyen de fonctionnaires de leur choix ils crurent qu'ils pourraient enfin disposer à leur gré des revenus de la commune mais ils virent bientôt qu'ils ue pourraient le faire sans bouleverser l'état de fond en comble, et sans exposer le pays à toutes les horreurs de l'invasion étrangère. Car 4 Une arche du petit pont de la commune commença à se

dégrader. Quelques francs, employés immédiatement, eussent suffi pour réparer ce premier dégât. La motion en fut faite en conseil communal par un paysan de bon sens. On le traita tout à la fois de fédéraliste et de chouan. Le maire, qui est juste-milieu, lui dit qu'agir ainsi, ce serait anéantir toute hiérarchie administrative et le maître d'école, qui respecte l'empereur, s'indigna d'une pareille proposition qui ne tendait à rien moins qu'à détruire l'œuvre du grand homme et à ouvrir aux coalitions de l'étranger toutes les portes de la France. On rédigea donc une demande en autorisation, laquelle fut envoyée au sous-préfet qui ne la garda que quinze jours, car c'était un administrateur plein d'activité; puis l'envoya au préfet qui ne la garda qu'un mois, puis l'envoya au ministre de l'intérieur qui la renvoya au préfet pour qu'il eût à l'adresser au ministère des travaux publics qui venait d'être créé, et que regardait désormais cette sorte d'affaires. Le préfet l'envoya donc au ministère des travaux publics où, après avoir circulé de bureaux en bureaux pendant quarante jours, elle arriva enfin à l'homme spécial que cela concernait. L'homme spécial ne se trouva pas suffisamment éclairé sur l'opportunité de la réparation, et demanda au ministre qui demanda au préfet qui demanda au sous-préfet qui demanda au maire qui demanda au conseil communal de nouvelles explications justificatives, ornées d'un plan figuratif du pont. Ce travail et l'envoi n'exigèrent pas moins de deux grands mois, durant lesquels t'arche en question s'écroula entièrement. Ce fut l'objet d'un supplément de demande en autorisation.

Cependant, une fissure s'était aussi déclarée à la voûte de l'église. Ce fut l'objet d'une troisième demande et, tandis qu'on attendait la réponse, la voûte s'abîma et tua cent personnes. Quatrième demande.

Parmi les personnes tuées, il s'en trouva une qui avait testé en faveur de la commune. Cinquième demande. Le garde-champêtre fut aussi du nombre des victimes. Sixième demande.

Les chemins de la commune étaient depuis long-temps dans un état de dégradation vraiment monarchique. -Septième demande.

Enfin la commune, qui se trouvait avoir 40 fr. 53 c. en caisse, désirait les appliquer à l'achat de quelques livres élémentaires pour son école. Huitième demande. Chacune de ces demandes eut à passer par la même filière que la première, et à ne subir que les mêmes délais, ce qui fait bien l'éloge de l'administration centrale. Vous me direz peut-être qu'il eût bien mieux valu que la