cave (I). » Et ailleurs : « Epier des instincts avec autant que possible absence de calcul, de volonté, de peur de les faire dévier de leur naturel, de les influencer (2). »
Cette esthétique se singularise par le fait qu'elle n'est pas destinée à recommander une forme quelconque de beauté et qu'elle ne repose même pas sur la notion de la Beauté ! Laforgue a conçu l'Art comme un moyen d'expression. Seulement, sa philosophie lui ayant fait envisager la vie, le monde et la pensée d'une manière toute différente de la classique et la traditionnelle, l'Art, moyen d'expression, se trouve transformé, en même temps que se transforme la conception de ce qu'il doit exprimer. La philosophie de l'Inconscient exigeait une esthétique nouvelle, et c'est précisément celle-là qu'a voulu énoncer Laforgue au moyen de la précédente théorie moderniste et impressionniste. Il s'est parfaitement rendu compte que ces principes contenaient en germe tout une révolution de l'Art et en particulier de la poésie et il caractérise ainsi l'opposition de ce qu'il condamne et de ce qu'il instaure : « Aujourd'hui, tout préconise... la culture excessive de la raison, de la logique, de la conscience. La culture bénie de l'avenir est la déculture, la mise en jachère. Nous allons à la dessiccation : squelettes de cuir, à lunettes, rationalistes, anatomiques. Retournons, mes frères, vers les grandes eaux de l'Inconscient (3). »
(1) Entretiens, tome IV. (2) Idem.
(3) Idem.