ne rêve plus que de fuir !... « Que les villes s'allument dans le soir. Ma journée est faite ; je quitte l'Europe. L'air marin brûlera mes poumons ; les climats perdus me tanneront… Je reviendrai avec des membres de fer, la peau sombre, l'oeil furieux : sur mon masque, on me jugera d'une race forte... »
Espère-t-il se régénérer et s'ennoblir par l'action ? Hélas ! quelle sublime cause défendre? à quelle superbe idée se dévouer ? « Ah ! je suis tellement délaissé que j'offre à n'importe quelle divine image des élans vers la perfection ! » Des hallucinations encore et des délires bouleversent sa pauvre âme, en fièvre de sanctification. En tout cas, fuir et renouveler sa vie !...
Il se guérissait à peine de sa blessure qu'il fut expulsé de Belgique. Il rejoignit sa famille, installée dans une ferme auprès d'Attigny.
A Bruxelles, il avait fait imprimer la Saison en enfer. Maintenant, sauf quelques exemplaires, il en détruit toute l'édition, comme pour que disparaisse une bonne fois tout vestige de ce passé. « La dernière innocence et la dernière timidité. C'est dit. Ne pas porter au monde mes dégoûts et mes trahisons. »
Affranchi désormais, il ne s'agit plus pour lui que de trouver les moyens de partir. Une nouvelle période de sa pauvre vie commence, plus hasardeuse encore que la première, plus empêchée de difficultés, plus attristée d'incurable nostalgie.
Après une courte apparition à Paris et un séjour à Londres, où il donne des leçons de français, le voilà