tous les murmures, et tous les bruits, et tous les cris, et tous les hymnes qui retentissent à son oreille le font pâmer d'aise. Et tous les parfums aussi qu'elle exhale lui sont encore une volupté. Il touche l'herbe matinale que la rosée mouille ; elle lui est douce et fraîche. Et c'est fête pour tous ses sens ; il absorbe délicieusement l'universelle vie éparse et variée.
Il n'est timide ni craintif, et il traite la Nature avec familiarité. Il saccage ses plants de roses, il déchire ses plus belles fleurs et il en mâche les pétales embaumés. Il se joue et il rit dans les retraites sacrées des bois, attentif lorsqu'il sent que l'ombre prodigieuse l'enveloppe. Sa voix déchire le silence des solitudes, si quelque allégresse subite s'éveille en lui. A travers monts, plaines et champs, il vagabonde, tantôt sifflant, tantôt chantant, et aux aguets toujours de quelque joie qui, des feuilles, de l'herbe, des vagues, des nuages, du prestige des horizons, va, surgir pour l'exalter !… Sa désinvolture n'est pas irrespectueuse ; on dirait qu'il est de mèche avec la Nature, et qu'elle se prête à ses fantaisies avec indulgence.
' Les descriptions de Paul Fort étonnent et charment par. leur spontanéité. Un travail plus minutieux aurait pu leur donner un air de perfection plus achevée ; mais ainsi elles ont plus de fraîcheur et d'émouvante sincécérité : les négligences qu'on y trouve témoignent de la hâte avec laquelle le poète voulut exprimer le trouble où l'a mis le beau spectacle des choses vivantes, avant qu'il s'apaisât.
« Dans la vapeur bleue qui t'enveloppe, ô montagne, la flore de tes sommets s'agite comme des songes. Les torrents, sur eux, comme une nuit d'étoiles, descendent