Le voilà donc au milieu de la Nature ; il s'y promène en chantant : on l'en dirait le roi, — Pan lui-même, de l'herbe aux dents, folâtre, et son rire est dans tous les échos...
La Nature n'est point poétisée dans cette oeuvre. Paul Fort n'en a pas recherché les plus suaves ou les plus jolis aspects ; il ne s'est pas appliqué à en fixer d'une manière délicate les apparences gracieuses, les fragiles beautés. Il n'est pas impressionniste et ce n'est pas la fugitivité du spectacle que l'heure évoque devant lui qui l'émeut. Il ne peuple pas non plus de symboles ou d'existences merveilleuses les sites et les paysages. Il n'est nullement mystique ; la Nature ne l'inquiète ni ne l'étonné, et il n'aperçoit pas en elle les signes d'autre chose que ce qu'il voit… Est-ce qu'il est réaliste ? Est-ce qu'il est matérialiste? On le dirait... Et panthéiste ? Il semble bien... Mais surtout, au milieu de l'immense Nature, il se réjouit et il s'enivre de sa joie.
Il n'y a guère d'oeuvre poétique aussi complètement heureuse que celle-ci ; nulle mélancolie ne l'attriste, — elle est trop ardente, exubérante et passionnée ! Le sentiment de la vie, qui l'a suscitée et qui l'anime, est inlassable ; il no subit d'atténuation ni de relâche, et il est l'âme de ces mille chansons où toute la Nature est célébrée. La vie incessante, infinie, qui frissonne au coeur des forêts et qui palpite dans les plaines et qui soulève les océans !...
... Il est venu dans la Nature ; il s'y ébat. Il la regarde et il s'enchante de la trouver si belle. Il l'entend, et