ci, tandis que celle-là est libre. De telles règles, il fallait les accepter ou les rejeter, en bloc : impossible d'imaginer à leur égard une autre attitude. Paul Fort devait donc chercher un principe de style qui, pût convenir à la fois aux vers et à la prose et qui, par conséquent, apparentât ces deux formes du langage. C'est ce qu'il tenta de faire, en substituant « le rythme aux artifices de la prosodie ». La prosodie classique avait fixé une scansion du vers extrêmement bizarre et qui transformait la prononciation habituelle aux gens de l'Ile de France en une sorte de parler marseillais tout à fait saugrenu. Paul Fort veut que le vers « suive les élisions naturelles du langage », — c'est-à-dire que sa théorie consiste surtout à réglementer le traitement des syllabes muettes. C'est là une question très difficile. Paul Fort la résout avec hardiesse, mais d'une manière contestable. Généralement il ne compte pas les syllabes muettes, dans la mesure des vers, même quand elles se terminent par des consonnes ou sont placées devant des mots qui commencent par des consonnes. Mais quelquefois aussi il les compte. Et l'on ne saisit pas toujours bien ce qui le détermine à prendre l'un ou l'autre parti. Dans ce vers, par exemple, des Idylles antiques :
0 monde au coeur de feu, ô terre mouvementée,
on ne sait s'il prononce, puisque son vers a douze pieds certainement : « terr'mouvementée » ou « terre mouv'mentée ». Il suit les élisions naturelles du langage, dit-il, et il affirme ainsi, très justement, que le vers n'a de valeur que chanté ou prononcé, mais ne doit pas être considéré comme une chose écrite principalement. L'erreur est celle-ci : les syllabes muettes ne sont ni des