rie, d'aspect scientifique, et qui repose, croit-il, sur une étude des « fondements physiologiques de la versification (I) ». Son but est de démontrer que les formes de vers non admises par la métrique, traditionnelle sont mauvaises en elles-mêmes : et cela n'est pas, comme on dit, une affaire de goût, mais elles sont mauvaises faute d'être conformes aux conditions qu'assigne à la parole rythmée la complexion même de nos organes. Quant à ces conditions, il les fait dériver (d'une manière, d'ailleurs, assez confuse) du principe de moindre effort. Mais cette théorie a, d'abord, le défaut suivant : elle est destinée à rendre compte des, raisons pour lesquelles tels rythmes plaisent, tels autres déplaisent. Or, il a fallu déterminer premièrement ces rythmes-ci et ces rythmes-là, — et ce choix est « affaire de goût », et, si l'on n'admet pas ce choix, la théorie s'écroule du même coup ; l'intervention, dans la matière, du principe de moindre effort perd toute valeur. Quant à savoir si l'on admettra ce choix, cela revient à demander si l'on accepte ou non la métrique traditionnelle, — ce qui précisément est la question. Il y a donc, si je ne me trompe, dans cette manière d'argumenter, quelque chose comme un cercle vicieux.
Quoi qu'il en soit, la régularité du vers et de la strophe aboutit à constituer une forme poétique antérieure à la pensée, et qui s'impose à la pensée, à laquelle enfin la pensée doit s'astreindre. Au lieu d'adapter la forme à la pensée, c'est la pensée qu'on adapte à la forme, et cela ne peut se faire sans qu'on meurtrisse un peu la pensée. (Voyez ce que dit Théodore de Banville
(1) Réflexions sur l'art des vers. Paris, 1892. Récemment réimprimées en tête du Testament poétique. Paris, 1901.