vient du Japon où fut votre vieil oncle,
il l'apporta tout petit, tout petit,
avec des feuilles grandes comme l'ongle.
Il revint un soir, l'oncle extraordinaire, dont la famille s'est souvenue. Il arriva par le fond du village, à cheval, avec un grand manteau, un grand chapeau. Un soir d'été. Des jeunes filles couraient sous les arbres du parc. On cria : « C'est l'oncle !… » Et lui, disait : « Nous avons eu tempête, et l'eau fraîche a manqué. » Il racontait ses aventures…
Le souvenir ancien de cet oncle, qui s'en fut aux Antilles en fleur, et d'un grand'père qui là-bas vécut en Caraïbe, chassant les ramiers, à la Goyave, est une incessante hantise pour Jammes ; sa pensée est toujours en peine de ces horizons merveilleux et de ce rêve de soleil et de cette odeur des îles mystérieuses… Dans l'air du soir, ronfle une guitare de nègre… L'image des vieux parents défunts qui dorment aux cimetières Martiniquais, sous la splendeur de la nuit coloniale, se sanctifie d'être mêlée à de si prodigieuses visions et, à cause de toute la nostalgie qu'elle suscite, elle est tourmentante et troublante…
Tu es enterré, là-bas, je crois, à la Goyave.
Et moi, j'écris où tu es né : ta vieille correspondance est très triste et grave : elle est dans ma commode, à clef...
Les lointains du temps et de l'espace sont étrangement peuplés de mélancolies et de subtiles inquiétudes pour l'âme alarmée que leur sortilège a prise et qui, à tout jamais, y vagabonde.
... Dans la petite ville qui vit sans fièvre, les tradi¬