jours, de se livrer à un jeu puéril, de s'escrimer à vaincre d'inutiles autant que terribles difficultés et d'oublier ce qui devait être leur principale, leur seule préoccupation : l'harmonie expressive du vers.
Quand le Parnassien a trouvé sa rime, — sa belle rime ! — il s'agit alors de combler le vers, et Banville à beau dire que la rime produit d'elle-même et comme spontanément tous les autres mots du vers, cet enfantement est souvent laborieux. Il faut, à toute force, que la pensée s'exprime en un nombre déterminé de syllabes ; or, elle est parfois trop longue, cette pensée, ou bien trop courte ; c'est un heureux hasard quand elle a juste la taille nécessaire, — autrement on est obligé de lui faire subir un pénible traitement.
Le Parnassien conçoit, en effet, le vers comme « l'assemblage d'un certain nombre régulier de syllabes ». Cette régularité doit être considérée comme le principe même de la métrique traditionnelle. Sans doute, le poète a choisi lui-même son mètre. Mais, d'abord, il ne l'a choisi qu'entre un assez ; petit nombre de types divers, en s'arrêtant au maximum de douze pieds et, sauf exception, en laissant de côté les mètres impairs (les vers de 9 et de II syllabes sont rares dans les oeuvres des Parnassiens). Ensuite, une fois qu'il a choisi son mètre, au début du poème, il n'est plus libre de le varier ; s'il emploie des vers inégaux, il les dispose en strophes fixes et le type de strophe, une fois adopté, se répète alors avec la même régularité que le vers dans un poème de mètre unique.
Pour légitimer l'élimination qu'a faite la métrique traditionnelle d'une très grande quantité de mètres, Sully-Prudhomme a prétendu constituer toute une théo¬