Les règles parnassiennes de la rime sont observées avec soin, et si, dans des cas très rares, on les trouve violées, c'est encore avec méthode et pour produire des effet analogues à ceux que les Parnassiens eux-mêmes se permettaient parfois. Mais Stuart Merrill se distingue déjà de l'école en étendant au vers entier la préoccupation de sonorité qu'on avait une tendance à ne faire porter que sur la rime. Il y a, dans toute la longueur de son vers, des assonances nombreuses et savamment ménagées, des allitérations de consonnes : c'est au moyen de ce dernier artifice que Stuart Merrill modifie le plus expressément la poétique courante. Il n'en est pas l'inventeur. La poésie anglaise, dont il devait à son enfance américaine une connaissance spéciale, s'en servait depuis longtemps. Et vers la même époque que lui, d'autres écrivains, — Gustave Kahn, par exemple, qu'on retrouve à l'origine de presque toutes les innovations poétiques de ce temps, — s'efforçaient d'en introduire chez nous l'usage régulier. Mais Stuart Merrill fut un des premiers à faire de l'allitération consonantique un élément essentiel de notre poésie. Il l'employa très habilement, il en abusa même au point que trop d'habileté donne à ses oeuvres de début un caractère assez artificiel. Néanmoins il en tira souvent d'heureux effets et contribua par ses recherches à perfectionner la puissance expressive et surtout la qualité musicale du vers moderne.
0 le frisson des falbalas,
Le bruissement des brocatelles,
La lassitude des lilas,
La vanité des bagatelles !...
La subtilité de métier à laquelle arrive Stuart Merril