car c'est la peur de l'incessante fugacité et le souhait de l'immuable qui présente aux amants la mort comme le refuge et apparente ainsi, pour à jamais, en l'âme humaine, l'Amour et la Mort. Cependant, les bras étendus et palpitants d'ardeur semblable, ils approchent, dans un frémissement :
Elle s'est avancée par le sentier qu'allonge Jusqu'aux pieds de l'enfant l'ombre des vieilles tours ; On dirait qu'elle marche dans un songe,
Drapée en son étole blanche aux longs plis lourds ; Et sur le seuil où la lumière effleure l'ombre, Son diadème blanc, soudain, scintille et tombe En rayons d'argent froid vers sa gorge couverte...
Mais lui, entré du pied dans l'ombre, sent monter. — Plus haut que le baiser frôleur de l'herbe verte, Et jusque sur sa hanche — une âpre volupté,
Comme une étreinte d'onde : la caresse de l'Ombre. Leurs bouches en un baiser se confondent,
Et la Mort s'est pâmée !
L'Amour et la Mort donnent à ces poèmes leur joie et leur mélancolie. Mélancoliques et joyeux tout à la fois, on y devine le sourire même de la vie dont la gaieté est voilée de tristesse. L'allégresse de naguère s'est faite grave ; elle s'est imprégnée de méditation, mais dans cette âme forte elle est restée vive et chantante. La Mort est jeune et sa pâleur est pleine de grâce, et le rose Amour l'a prise en ses bras ardents. Elle passe à travers les sentiers d'avril, et il n'est pas une fleur qu'elle ne touche ; la sérénité de son rêve emplit la Nature délicieuse. Elle n'est point une rôdeuse inquiétante, mais plutôt, douce et suave, l'âme des choses éphémères, dont le charme est fragile… L'âme de tout, notre âme aussi, car une seule pensée anime l'éternel Univers, s'y manifeste en appa¬